GROSSESSE : PAS DE DÉPISTAGE DU CMV

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Publié le 08/02/2019
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Crédit photo : GARO/PHANIE

En décembre dernier, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a publié un avis sur la prévention de l'infection à cytomégalovirus (CMV) chez la femme enceinte et le nouveau-né. Le dernier datait de 2002. Le dépistage sérologique systématique de l'infection fœto-maternelle n’est pas indiqué, ni en prévision d’une grossesse, ni chez les femmes enceintes ou les nouveau-nés. Une des principales raisons est qu’ « en cas de transmission materno-fœtale, la très grande majorité des études conclut à un risque et à une gravité des séquelles identiques après primo-infection (femme séronégative à CMV en début de grossesse) ou infection secondaire (réinfection ou réactivation, femme séropositive à CMV en début de grossesse) ».En France, chez les femmes enceintes, la séroprévalence est proche de 50 %. Et il y a autant d’enfants porteurs de séquelles nés de mères séropositives que séronégatives en début de grossesse. Ainsi, une séropositivité risque d’être faussement rassurante, par analogie aux sérologies de la toxoplasmose ou la rubéole.

Autre argument en défaveur d’un dépistage généralisé : il n’existe pas de traitement en période prénatale (ni les immunoglobulines ni un traitement antiviral n’ont monté leur efficacité).

→ Par conséquent, les mesures d’hygiène pour prévenir une infection ou une réinfection à CMV doivent concerner toutes les femmes (et leur entourage proche) quel que soit leur statut immunitaire : connu ou pas, séropositif ou séronégatif.

→ En cas de grossesse, une sérologie CMV est prescrite en cas de signes cliniques évocateurs (syndrome grippal, fatigue, céphalée) non expliqués ou signe échographique fœtal.

→ Au sujet des infections par le CMV :

– Elles surviennent à tout âge, mais particulièrement dans la petite enfance, et une fois le virus établi chez la personne infectée, il peut être réactivé tout au long de la vie.
– On trouve ce virus dans les sécrétions : larmes, salives, urines, lait maternel, sécrétions génitales et sperme.
– L’infection à CMV est souvent asymptomatique. En France, elle concerne 0,43 % des nouveau-nés. Soit 3 400 naissances (sur environ 800 000 par an). Et parmi ces fœtus infectés, 13 % sont symptomatiques avec des séquelles. Dont graves dans 10 % des cas.
– La prévention des infections à CMV repose sur la bonne application des mesures d’hygiène. En cas de grossesse ou de projet d'enfant, il est recommandé d’informer la femme et son entourage proche (surtout les personnes en contact fréquent avec au moins un jeune enfant) : ne pas l’embrasser sur la bouche ou finir son assiette, ne pas sucer une cuillère ou tétine, bien se laver les mains après un changement de couche, ne pas partager les affaires de toilette avec des enfants de moins de trois ans, etc.
Le HCSP constate que « le risque de l'infection à CMV est insuffisamment connu des professionnels de santé et des familles ».


Source : "Avis relatif à la prévention de l’infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né", HCSP.

Dr Nicolas Evrard

Source : lequotidiendumedecin.fr