Repère patients

La gale commune

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Publié le 25/03/2016
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Cette maladie parasitaire très contagieuse, responsable d’un prurit pénible, de diagnostic parfois difficile, est en recrudescence en France.

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J’EXPLIQUE

 

> La gale est une maladie strictement humaine dont la prévalence est estimée à 300 millions de personnes dans le monde et à 328 cas/100 000/an en France.

> Elle est due à un acarien, Sarcoptes scabiei hominis. La femelle creuse un sillon dans les couches superficielles de l’épiderme et y pond 3 à 5 œufs par jour pendant 2 mois.

> Le sarcopte peut vivre jusqu’à 3 jours en dehors de son hôte, l’œuf 10 jours.

> La contamination se produit essentiellement (95 %) lors d’un contact direct « peau à peau » entre le sujet parasité et un autre sujet et dans les autres cas par l’intermédiaire de vêtements ou de la literie. Les contacts physiques rapprochés et prolongés sont les facteurs principaux de contamination : vie familiale, contacts sexuels, vie en collectivité.
La gale touche tous les milieux sociaux et tous les âges. L’incubation, silencieuse, est de 3 à 6 semaines. Il n’y a pas de guérison spontanée.

 

J’INFORME

 

> Le prurit - continu, diffus, épargnant le visage - est le signe majeur de la gale. Son renforcement vespéral et nocturne est caractéristique.

> Les lésions cutanées les plus fréquentes sont le plus souvent non spécifiques à type de lésions de grattage, d’eczématisation ou d’impétigo, de papules excoriées. Les lésions spécifiques tels les pathognomoniques sillons scabieux (fin sillon grisâtre en ligne brisée) ou les vésicules perlées sont moins courantes, toutefois il faut les rechercher systématiquement aux espaces interdigitaux du dos des mains, aux organes génitaux externes, aux aréoles mammaires, aux zones axillaires. Visage et dos sont épargnés.

> Chez le nourrisson et le jeune enfant, le diagnostic peut être difficile ; la présence de vésicules, de pustules et de nodules est habituelle, l’atteinte du visage et du cuir chevelu n’est pas rare et les complications de la gale (eczématisation, impétiginisation) sont souvent au premier plan. La notion de contage ou de prurit dans l’entourage est un élément extrêmement évocateur pour le diagnostic. En cas de doute ou dans les formes atypiques, un examen parasitologique d’un prélèvement cutané peut être utile ou une vidéodermatoscopie.

 

JE PRESCRIS

 

> Il existe aujourd’hui 3 spécialités topiques et une per os, disponibles en 1re intention pour traiter la gale chez l’adulte comme chez l’enfant :
- longtemps en rupture de stock, le benzoate de benzyle (Ascabiol®) est à nouveau disponible non plus sous forme de lotion mais sous forme d’émulsion à 10 %. Celle-ci s’applique le soir sur tout le corps (en évitant le visage) en deux couches successives étalées à 10 mn d’intervalle pour laisser sécher le produit. Un temps de contact de 24 heures doit être respecté.
- L’ esdépalléthrine/butoxyde de pipéronyle (Spregal®) se présente sous forme d’aérosol. Le produit doit être appliqué le soir sur tout le corps, sauf le visage et rincé 12h après l’application.
 - Depuis 2015, la perméthrine (Topiscab®  5% crème) est disponible en France. Ce traitement local se présente sous forme de crème à appliquer le soir sur tout le corps et à rincer 8h après.

> L’ivermectine (Stromectol®), antiparasitaire à large spectre, est le seul traitement oral de la gale. Il se prend en une prise unique, à jeun avec de l’eau.

> Parmi ces traitements, seul le Stromectol® est soumis à prescription médicale obligatoire et seul le Spregal® n’est pas remboursé.  

> Les données de la littérature disponibles ne permettent pas de privilégier l’un ou l’autre de ces traitements en première intention mais il semble que la disparition des symptômes soit plus rapide avec les traitements locaux.

> Quel que soit le traitement prescrit, une deuxième application ou dose est nécessaire 8 à 10 jours après la première.
 

 

J’ALERTE

 

> Le patient infesté et son entourage proche doivent être traités simultanément, baby-sitter et « petit (e) ami(e) » inclus, même s’ils sont asymptomatiques.

> Tout ce qui a été porté ou utilisé les 6 jours précédents nécessite un lavage à 60 °C ou sa désinfection par un acaricide dans un sac plastique pendant 48 h le lendemain du traitement.

> Chez l’enfant, en cas d’impétiginisation, un traitement antibiotique par voie générale précédera de 24 à 48 heures le traitement scabicide et sera poursuivi pendant 7 jours.

> L’éviction pour un enfant vivant en collectivité est de 3 jours après le traitement.
Un prurit qui réapparaît après 7 jours fait suspecter une réinfestation et réenvisager un traitement.

 

JE RENVOIE SUR LE WEB

 

 http://www.ameli-sante.fr/gale/quest-ce-que-la-gale.html

Dr Catherine Freydt

Source : Le Généraliste: 2753