Marie-Ange, 72 ans, consulte car depuis de nombreux mois, elle présente une gêne au niveau de la plante des pieds (surtout du côté droit).
Un confrère déjà consulté avait noté la présence d’un nodule au niveau de la plante du pied droit, qui a conduit à la réalisation d’une IRM qui objective des épaississements fibreux de l’aponévrose plantaire en rapport avec une fibromatose (cliché ci-contre).
En parallèle, on note également au niveau palmaire une maladie de Dupuytren.
Ces éléments sont évocateurs d’une maladie de Ledderhose.
INTRODUCTION
La maladie de Ledderhose correspond à une dystrophie touchant l’aponévrose superficielle plantaire (en rapport avec une anomalie du métabolisme du collagène induisant sa prolifération).
Certains facteurs sont associés à cette pathologie : hérédité (entre 30 et 50 % en cas de maladie de Dupuytren), causes traumatiques (fracture de la jambe, du pied ou de la cheville), diabète, alcoolisme chronique, certains traitements antiépileptiques, syndrome douloureux régional complexe.
Sur un plan épidémiologique, cette entité est rare, touchant essentiellement des patients de plus de 40 ans.
CARACTERISTIQUES CLINIQUES
Cette pathologie est souvent asymptomatique mais certains patients peuvent consulter du fait d’une sensation de corps étranger au niveau plantaire, d’une sensation de douleur ou de paresthésies au niveau des pieds lors de la marche.
Il est possible d’observer un œdème plantaire dans les formes sévères.
L’examen clinique permet d’objectiver la présence d’un ou plusieurs nodules sous-cutanés fermes et bilatéraux (25 % des cas) situés au niveau de la zone médiane de la plante du pied. Ces nodules peuvent augmenter de taille (surtout s’ils deviennent inflammatoires) et on note parfois une ulcération voire une surinfection.
Cette fibromatose superficielle peut être associée à une maladie de Dupuytren ou une maladie de Lapeyronie.
DIAGNOSTIC
Un interrogatoire et un examen clinique complet permettent de poser le diagnostic.
Pour confirmer le diagnostic, on peut recourir à certains examens complémentaires.
L’échographie objective la présence du nodule qui apparaît isoéchogène au niveau de l’aponévrose plantaire superficielle avec un aspect fusiforme. Contrairement à d’autres pathologies tumorales, les éléments fibroblastiques se caractérisent par un développement en continuité avec l’aponévrose.
L’IRM objective un signal hypo-intense ou intermédiaire en T1 et T2. Lors de l’injection de gadolinium, il existe un rehaussement de la lésion. L’IRM présente un intérêt pour évaluer la sévérité de l’atteinte, mais aussi pour mieux évaluer la prise en charge secondaire.
L’examen anatomopathologique met en évidence une prolifération fibroblastique importante avec des noyaux de différentes formes et un aspect de mitoses atypiques.
PRISE EN CHARGE
Dans un premier temps, cette pathologie nécessite un dépistage de certains facteurs associés qui doivent être pris en charge : diabète, traumatismes répétitifs ou alcoolisme, surpoids.
Pour les formes asymptomatiques, l’abstention thérapeutique doit être privilégiée.
Dans le cas des formes symptomatiques, différents traitements peuvent être préconisés.
La délivrance d’AINS peut être effectuée, ou dans certains cas la réalisation d’une infiltration de corticoïdes. Certains spécialistes effectuent également des injections d’acide hyaluronique, ou parfois des traitements locaux (imiquimod).
La prescription d’orthèses plantaires permet d’effectuer une décharge des zones d’appui et éviter la mise sous tension de l’aponévrose superficielle.
La question du recours à la chirurgie se pose surtout pour les formes rebelles aux autres traitements. La décision doit être bien pesée et il est important d’évaluer préalablement le retentissement fonctionnel pour le patient. Le plus souvent, le chirurgien effectue une aponévrotomie partielle ou totale. Ce traitement est délicat et peut conduire à des récidives (entre 20 et 40 % des cas, surtout dans les formes bilatérales).
De ce fait, certains orthopédistes proposent des traitements complémentaires par méthotrexate ou radiothérapie pour éviter les récidives.
Bibliographie :
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