Repères patient

La rhinite allergique, c'est chronique !

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Publié le 11/03/2016
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Un quart des Français est atteint de rhinite allergique (RA) et neuf sur dix trouvent leurs symptômes gênants. Mais la maladie atopique a aussi un versant invisible préoccupant…

 

J’EXPLIQUE

 

> La maladie atopique se développe de l’enfance à l’âge adulte. Elle peut toucher différents organes avec des manifestations cliniques très diverses : eczéma, asthme, rhinite allergique (RA). L’atteinte d’un organe impose donc de rechercher l’éventuelle atteinte d’un ou plusieurs autres organes.

> Les personnes atteintes de RA ont 3,5 fois plus de risque de développer un asthme.

> La RA se manifeste essentiellement par des épisodes aigus. Mais ces épisodes ne sont que la « partie visible de l’iceberg ». Il s’agit en réalité d’une maladie chronique, reposant sur des facteurs génétiques et environnementaux, ces derniers modulant l’expression des premiers.

 

J’INFORME

 

> Il existe un effet « trigger » mastocytaire favorisant, lors d’un nouveau contact avec l’allergène, des manifestations allergiques encore plus intenses et plus précoces, à charge allergénique constante. Cette amplification impose de traiter le patient dès la 1re crise pour éviter une escalade thérapeutique.

> Il y a également comme dans l’asthme une inflammation secondaire responsable d’une part d’une hyperréactivité, et d’autre part, d’un remodelage. L’hyperréactivité est initialement spécifique ; puis, au cours de l’évolution, du fait du recrutement des cellules inflammatoires, les manifestations allergiques sont susceptibles de survenir au contact des irritants non spécifiques (tabac, pollution…) pérennisant la symptomatologie même après éviction de l’allergène initialement responsable de la RA. Le traitement doit donc être prolongé et agir sur cette composante inflammatoire. Non traitée, cette inflammation va entraîner des lésions irréversibles expliquant les difficultés de traitement des « vieilles » rhinites.

> L’allergie favorise aussi, par un effet d’amplification, la sensibilisation à de nouveaux allergènes, qui justifie une prise en charge précoce de l’allergie dès l’enfance pour prévenir une aggravation de la maladie atopique au cours de la vie.

> Enfin, être allergique expose à la survenue de nouveaux symptômes pour une même sensibilisation, notamment en raison de la continuité entre les muqueuses nasale et bronchique. Le risque d’HRB est doublé en cas de rhinite allergique chez des sujets non asthmatiques. La persistance de la rhinite est le seul facteur prédictif d’HRB chez les sujets ayant une RA. Chez certains enfants, le traitement précoce d’une rhinite allergique pourrait éviter l’apparition d’un asthme.

 

JE PRESCRIS

 

> Dans les formes persistantes (> 4 jours par semaine ET >4 semaines consécutives) le traitement de fond est plus efficace qu’un traitement à la demande.

> Quand la rhinite est intermittente (symptômes ≤ 4 j/semaine OU ≤ 4 semaines consécutives) et d’origine pollinique, un traitement de fond pendant toute la saison pollinique (et au moins 1 mois après l’amélioration) est supérieur au traitement discontinu.

> Les antihistaminiques agissent rapidement sur la rhinorrhée et le prurit .
Les corticoïdes par voie nasale sont actifs sur tous les symptômes de la RA et en particulier sur l’obstruction. Ils nécessitent environ deux semaines pour un plein effet thérapeutique.

> L’éviction des allergènes doit être rappelée non seulement vis-à-vis des acariens, mais également pour les pollens (éviter un effort sportif par temps chaud et sec, se méfier du temps « orageux », etc.) Pour être efficace dans la RA, l’intervention doit être globale et personnalisée.

> Les patients adhèrent relativement mal aux traitements à prendre quotidiennement, sans bénéfice immédiatement visible. Le prescripteur doit réduire au maximum le nombre de spécialités, rechercher la plus petite dose efficace, et proposer une désensibilisation lorsqu’elle est possible. L’immunothérapie par voie sublinguale et maintenant par comprimés facilite les prises quotidiennes et l’observance aussi bien chez les enfants (à partir de 6 ans) que chez les adultes.

 

J’ALERTE

 

> Au moins 20 % des patients avec une RA sont ou seront asthmatiques ; 70 % des asthmatiques auraient une RA (qui aggrave l’asthme) : l’asthme doit donc être systématiquement recherché.

> Un bilan allergologique est nécessaire en cas de RA persistante ou intermittente modérée à sévère.

> La RA peut être une maladie professionnelle ; son dépistage et la réorientation précoce permettent d’éviter l’apparition d’un asthme professionnel.
 

 

 

JE RENVOIE SUR LE WEB

 

Allergiques : prenez votre traitement de fond sous peine d’aggravation. (Auteur : Dr Stéphane Guez). http://www.allergique.org/article2293.html

 

 

 

Dr Julie Van Den Broucke (médecin généraliste) avec le Dr Stéphane Guez (chef du service de Médecine Interne et Post-Urgence, unité des Maladies allergiques, hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux)

Source : lequotidiendumedecin.fr