L’ACCÉLÉRATION DE L’ÉPIDÉMIE
L'épidémie de rougeole qui sévit en France depuis 2008 s'aggrave. 5 000 cas ont été déclarés en 2010 et 3 700 cas pour les seuls mois de janvier et février 2011. Les personnes de plus de 20 ans représentent 38 % des cas déclarés et les nourrissons de moins d’un an 8 %. C’est dans ces tranches d’âge que la rougeole est la plus grave. Rien que depuis le début de l’année 2011, 9 cas de complications neurologiques ont été observés et un décès est survenu du fait d’une pneumopathie. La quasi-totalité (96 %) des cas rapportés ne sont pas ou sont ou mal vaccinés. Depuis 2008, cinq décès ont eu lieu.
Que signifie mal vacciné ? Après une première dose, il existe 13 % de non répondeurs. Après une seconde dose 90 % des non répondeurs sont immunisés. Il faut ainsi deux injections pour immuniser 98,7 % des personnes vaccinées. C’est sur cet argument que s’appuie le schéma vaccinal.
DES COMPLICATIONS UNE FOIS SUR SIX
La rougeole est habituellement bénigne, mais chez certains sujets prédisposés elle peut devenir grave, par ses complications respiratoires et surtout encéphaliques. La rougeole est une virose anergisante, d’où la fréquence et la gravité des complications, surtout présentes avant 1 an et après 20 ans.
-› Les principales complications par ordre de fréquence sont : la diarrhée (5-13 %), l’otite moyenne aiguë (3-5 %), la pneumonie virale ou bactérienne (1-7 %), les convulsions hyperthermiques (5 %), l’encéphalite aiguë post-rougeoleuse (0.2-0.3 %) survenant le plus souvent 1 à 2 semaines après l’éruption surtout chez l’adulte et la panencéphalite subaiguë sclérosante (de 0,5 à 4.10-5) survenant en moyenne 7 ans après l’éruption, le décès 0,7/1000 dont la première cause est la pneumonie (virale ou bactérienne) chez l’enfant et l’encéphalite aiguë chez l’adulte.
-› Complications ORL : otite bactérienne tardive, laryngite virale précoce peu grave et laryngite bactérienne tardive plus grave.
-› Les pneumopathies précoces liées à une invasion virale massive et les surinfections bactériennes survenant en fin d'éruption, sont à l'origine de complications respiratoires broncho-pulmonaires majeures.
-› Complications générales : purpura thrombopénique post-éruptif, hépatite aiguë (3 % des hospitalisés) (2).
-› L’encéphalite aiguë post-éruptive survient 3 à 6 jours après l’éruption, elle se manifeste par une réascension thermique ou une absence de défervescence, accompagnée de troubles de la conscience et de crises convulsives, associée fréquemment à une atteinte médullaire La létalité est de 10 %, l’évolution se fait vers la guérison avec ou sans séquelle.
-› La panencéphalite subaiguë sclérosante est toujours mortelle en 1 à 4 ans. Elle survient entre 9 mois et 15 ans après l’éruption. Son début est insidieux, les troubles de l’affectivité et du comportement apparaissent en premier, suivis d’une baisse du rendement scolaire. Puis apparaissent des troubles neurologiques et des mouvements anormaux aux membres supérieurs et à la tête. Les chutes sont fréquentes associées à des décharges myocloniques complexes. La dégradation intellectuelle et motrice se développe inexorablement, la mort survient en quelques mois à deux ans.
-› Chez l’immunodéprimé deux complications, souvent fatales, sont particulièrement redoutées : - la pneumonie interstitielle à cellules géantes conséquence de la multiplication du virus dans l’arbre respiratoire responsable d’une détresse respiratoire progressive très fébrile qui s’installe dès la phase d’invasion
- l'encéphalite aiguë progressive survenant 2 à 6 mois après l’éruption : à début aigu elle associe des phénomènes déficitaires et des secousses myocloniques sans altération importante de la conscience. L’évolution est plus ou moins rapide vers le décès ou vers la guérison avec des séquelles neurologiques sévères.
Rarement des formes malignes avec une évolution précocement fatale, dès l'invasion ou au cours de l'éruption, sont observées.
COUVERTURE VACCINALE INSUFFISANTE = ÉPIDÉMIE
En France, la couverture vaccinale insuffisante explique l’épidémie. Seulement 87 % des enfants âgés de 2 ans sont vaccinés, malgré le plan national 2005-2010 destiné interrompre la transmission endémique du virus pour éradiquer la rougeole.
L’homme étant le seul réservoir du virus, la maladie peut être éradiquée par la vaccination d’au moins 95 % de la population. L'InVS rapporte une soixantaine de cas liés à une probable contamination nosocomiale en 2010, impliquant des professionnels de santé !
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