Le CREDOC estime que 20 % des enfants présentent une infection ORL de type rhinite ou rhino-pharyngite (RPA) par trimestre entre les âges de 6 mois et 6 ans. Ce pourcentage est plus élevé avant l’âge de 1 an (40 %) et plus bas après 6 ans (8 %). Par la suite, la fréquence des infections respiratoires récidivantes (IRR) diminue régulièrement. Les infections ORL sont de loin les plus fréquentes (plus de 10 millions par an). La fréquence des bronchites aiguës est plus élevée avant 2 ans (700 pour 1000 habitants) et baisse ensuite (150 p. 1000 vers 7-8 ans).
Même si elles perturbent la vie familiale, les infections ORL sont surtout dues à l’apprentissage immunitaire et sont inévitables chez l’enfant normal. Il faut rappeler que le nouveau-né, porteur d’immunoglobulines G (IgG) transmis par sa mère, va utiliser ses anticorps (en particulier de type IgG2) pendant les 3 premiers mois de vie. La synthèse de ses propres IgG2 étant relativement limitée jusqu’à 12-18 mois, il existe donc un « trou immunitaire » entre 3 et 12-18 mois au cours duquel les IRR seront fréquentes.
Les critères de diagnostic des IRR de l’apprentissage immunitaire sont avant tout cliniques, permettant de dresser un « portrait-robot de ces enfants » :
- banalité des infections (rhumes, RPA, rhino-bronchites),
- fréquence (<5-6/an),
- survenue à la mauvaise saison, et disparition en été,
- état général objectivement satisfaisant entre les épisodes,
- absence de cassure de la courbe de croissance staturo-pondérale, vi)
- absence d’autres symptômes dont la présence orienterait vers des pathologies individualisées par exemple sifflements (asthme), diarrhée/constipation (mucoviscidose) , infections cutanées et muqueuses (déficits immunitaires).
Les IRR de l’apprentissage immunitaire sont favorisées par le tabagisme passif (à la maison et/ou chez les gardiens), l’admission trop précoce en crèche (avant 6 mois), les transports collectifs, la présence de plusieurs enfants à la maison (le ou les aînés apportent les germes de l’extérieur aux cadets).
Cette situation ne nécessite aucun examen complémentaire si l’examen clinique est normal. Il ne faut pas céder à la facilité de prescrire des examens complémentaires que l’on sait inutiles « pour rassurer les parents » : NFS, fer sérique, dosage des immunoglobulines sériques, etc. Des examens paracliniques sont à envisager si l’on soupçonne une pathologie respiratoire basse ou un corps étranger inhalé (radiographie thoracique) ou une otite moyenne (examen ORL spécialisé). L’hypertrophie des végétations adénoïdes peut favoriser l’otite séro-muqueuse mais, selon des données récentes, elle ne constitue pas un facteur de risque d’infections ORL.
L’allaitement maternel pendant au moins 3 mois diminue le risque infectieux du nourrisson. Il faut lui associer une éducation sanitaire de l’entourage : proscrire le tabagisme, éviter le contact avec d’autres enfants infectés (en particulier dans les salles d’attente), lavage des mains, etc.
Le lavage des fosses nasales au sérum physiologique et le traitement des symptômes généraux (fébrifuges) constituent la base du traitement. Les campagnes pour le bon usage des antibiotiques ont permis de réduire leur utilisation intempestive. Il n’existe pas d’alternative à une gestion raisonnable, à minima, de ces infections certes fréquentes mais banales.
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