Dermatologie

LE PITYRIASIS ROSÉ DE GIBERT

Publié le 28/04/2017
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Cette éruption érythémato-squameuse disséminée atteignant le tronc et la partie proximale des membres est de diagnostic clinique en général simple. Sa cause exacte demeure incertaine, mais une origine viraleest proposée, notamment par un virus du groupe herpès virus.
pytiriasis rosé

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Crédit photo : DR H.C.ROBINSON /SPL/PHANIE

Matthieu, 25 ans, consulte pour une éruption érythémato-squameuse disséminée prédominant sur le tronc et légèrement prurigineuse. Très inquiet, il confie d’emblée être homosexuel et avoir une vie sexuelle très libre et non protégée. L’éruption est évocatrice d’un pityriasis rosé.

UN DIAGNOSTIC UNIQUEMENT CLINIQUE

Une éruption érythémato-squameuse disséminée atteignant le tronc et la partie proximale des membres et épargnant généralement la tête, la paume des mains et la plante des pieds a effectivement une forte probabilité d’être un pityriasis rosé.

► L’anamnèse doit rechercher chez Matthieu une première lésion dite « médaillon initial » ou « plaque annonciatrice », solitaire pendant quelques jours, de taille habituellement de 2 à 5 cm, rouge ou rosée, siégeant souvent sur le tronc, notée dans environ 50 % des cas et qui a une bonne valeur diagnostique.

► L’éruption évolue ensuite par poussées successives, associant des médaillons annulaires bordés d'une collerette desquamative interne et des lésions papulosquameuses de plus petite taille avec une atteinte préférentielle du tronc et de la racine des membres. Les macules sont parfois groupées en « arbre de Noël », c’est-à-dire distribuées en lignes qui descendent vers le bas et l’extérieur du corps.

► En l’absence d’examen complémentaire spécifique, le pityriasis rosé n’est défini que par ses caractères cliniques.

► Il existe de nombreuses variations dans la présentation ou l’évolution de l’éruption. On ne retrouve parfois pas le médaillon initial parce qu’il est absent ou localisé dans une zone inhabituelle. L’éruption peut être très profuse ou, au contraire, très discrète, parfois réduite au seul médaillon. Les lésions peuvent être en relief, avec de petites cloques (vésicules) ou extrêmement rouges (purpuriques). L’éruption peut s’étaler sur trois semaines, mais aussi se prolonger sur trois mois.

► Ce n’est pas en général une éruption prurigineuse, mais des démangeaisons sont parfois présentes. Le pityriasis rosé de Gibert ne laisse habituellement pas de marques, mais des taches pigmentées ou décolorées ne sont pas rares chez les sujets à peau très pigmentée.

UNE ORIGINE ENCORE INCERTAINE

Banal sous tous les climats, le pityriasis rosé touche des sujets des deux sexes surtout entre 10 et 35 ans.Sa cause exacte demeure incertaine. Une cause virale est proposée puisque le pityriasis rosé est souvent accompagné d’une réplication des herpès virus HHV7 et HHV6 mais dont la signification reste discutée.

► L’infection initiale par ces virus se produit en général dans la petite enfance, elle passe inaperçue ou se traduit par l’exanthème subit (sixième maladie ou roséole infantile).

ET SI CE N’ÉTAIT PAS UN PITYRIASIS ROSÉ ?

Si de nombreuses formes atypiques ont été décrites, plus ou moins plausibles en l'absence de critères diagnostiques universellement admis, le diagnostic est aisé dans les formes typiques. Néanmoins, il faut envisager systématiquement la possibilité d’une autre affection.

► Pour Matthieu, il est nécessaire d’écarter d’abord une syphilis. Cette « grande simulatrice » reste aujourd’hui le diagnostic différentiel le plus important. La présence de signes généraux (fébricule, céphalées…), de lésions palmaires ou plantaires, de lésions buccales ou génitales ou de la moindre atypie clinique doit conduire à demander une sérologie syphilitique, toujours positive s'il s’agit d’une syphilis secondaire.

► De principe, il faut se méfier aussi d’une toxidermie, et donc rechercher la prise de médicaments ou toxiques.

► D’autres diagnostics, plus rares, peuvent être évoqués, notamment dans des formes atypiques ou débutantes : psoriasis en gouttes, pityriasis lichénoïde chronique…

UNE PRISE EN CHARGE SIMPLELa meilleure et la seule thérapeutique consiste à rassurer le patient : la régression est spontanée en six à huit semaines, la récidive rare. Le pityriasis rosé ne nécessite en général aucun traitement, mais les formes intensément prurigineuses peuvent bénéficier d’une approche symptomatique similaire à l’eczéma (corticothérapie locale, émollients, antihistaminiques).


Bibliographie

1- Denis A. Pityriasis rosé (« Pityriasis rosea ») – EM consult 22/05/15  [98-320-A-10]  - Doi : 10.1016/S0246-0319(15)57608-5
2- Duarte Reis M. Pityriasis rosé. 2014. Thérapeutique dermatologique.org

 

Dr Catherine Freydt (médecin généraliste à Chatou), sous la direction scientifique du Dr Antoine Petit (service de Dermatologie, AP-HP hôpital Saint-Louis, Paris)

Source : Le Généraliste: 2795