Les demandes de fin de consultation sont probablement celles qui perturbent le plus le médecin et la relation qu’il entretient avec son patient. Elles placent le soignant dans une position délicate qui, du fait du temps imparti à ses consultations, peut difficilement reprendre l’entretien à son début. Ces interrogations de pas-de-porte ne sont pas si anecdotiques puisqu’elles se produiraient toutes les 6 consultations en moyenne (Peltenburg et al. Ann Fam Med 2004).
Une étude du service universitaire de médecine générale de Saint-Etienne, publiée dans Médecine, a cherché à analyser, à travers leurs récits, les mécanismes conduisant les patients à des demandes de fin de consultation (1).
► Pour ce faire, des entretiens individuels semi-dirigés ont été menés auprès de 11 patients volontaires (dix femmes et un homme) ayant formulé une demande à la fin d’une consultation programmée, entre janvier 2016 et janvier 2017. Ils ont été recrutés au fil des consultations parmi la patientèle de 9 médecins généralistes exerçant dans la Loire. La méthode qualitative suivie a été celle de la « théorie ancrée » qui laisse émerger des données pertinentes avec le phénomène étudié (inductivité). Le guide d’entretien s’est attaché à préciser le déroulement de la consultation, le motif de fin de consultation, la raison de cette demande tardive et les facteurs favorisant cette démarche.
► Les consultations rares semblent favoriser l’émergence de ce type de demande, comme si le patient avait besoin de « rentabiliser » son rendez-vous. Une tendance que l’étude ECOGEN confirme puisque le nombre motifs de consultations est passé de 2,1 en 2006 à 2,6 en 2014. En revanche, le nombre de contacts médicaux annuels par patient (toutes spécialités confondues) ne s’est pas raréfié, il a même augmenté passant de 5,9 en 1990 à 6,8 en 2011.
Aussi, les bavardages de début de consultation dans le cadre d’une relation à la frontière entre « professionnalisme et amitié » repoussent les demandes à la fin de la consultation. « On parle de tellement de sujets que des fois j’en oublie mes demandes » dixit un patient. La proximité entre les deux protagonistes pouvant gêner le déroulement au point de repousser la demande à la fin de consultation.
Ou alors, certains motifs jugés banals par le patient, et pas forcément par le médecin, sont exposés en toute fin. Ainsi, sur les 11 demandes de patients interrogés, toutes concernaient des sujets très éloignés du motif de consultation : le plus fréquemment un renouvellement de pilule mais une fois un malaise avec une allergie…
► Cette étude, dont la faiblesse principale est certainement le peu de patients recrutés, a le mérite d’aborder un sujet peu exploré. Elle pose la question de la construction d’une consultation traditionnellement chapitrée par le médecin. Selon les auteurs, « de nombreuses études invitent à entendre la totalité des motifs au début de la consultation en formulant des phrases ouvertes telles que « Quoi d’autre ? ». Quitte à ce que le médecin explique son propre fonctionnement et précise d’emblée son besoin de connaître tous les motifs pour les hiérarchiser dans le cadre d’une approche globale.
1- Guillermin T, Bally J-N, Gocko X. « Au fait docteur … ? » : la demande de fin de consultation. Medecine janvier 2018. Vol.14. p32-36.
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