Gastro-entérologie

LE TEST À L'URÉE POUR CONTRÔLER L'ÉRADICATION D'HP

Publié le 14/02/2022
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Le test respiratoire à l’urée marquée permet de s’assurer de l’éradication d’Helicobacter pylori après une antibiothérapie, chez les patients ne requérant pas un contrôle endoscopique.

Crédit photo : GARO/ PHANIE

1. En quoi consiste le test respiratoire à l’urée marquée ?

La finalité du test respiratoire à l’urée marquée par un isotope non radioactif du carbone (13C) est de détecter la présence de la bactérie Helicobacter pylori (HP) dans l’estomac.

H. ylori colonise spécifiquement la muqueuse gastrique, avec comme conséquence une inflammation aiguë brève, puis un passage à la chronicité. Elle constitue la principale cause de gastrites chroniques et l’Organisation mondiale de la santé l’a classée comme carcinogène de classe 1 du fait de son implication dans le développement du cancer gastrique.

Le test à l’urée est un test non invasif dont le principe est de détecter l’uréase sécrétée par la bactérie, enzyme qui catalyse la réaction de transformation de l’urée (CH4N2O) en ammoniac (NH3) et en dioxyde de carbone (CO2). Le patient ingère une solution contenant de l’urée marquée au carbone 13 et de l’acide citrique. Ce dernier ralentit la vidange gastrique afin d’allonger la durée d’interaction uréase bactérienne/urée 13C. L’ingestion d’urée marquée chez un patient infecté par HP permet de mesurer cet isotope stable dans le gaz carbonique expiré, par spectrométrie de masse.

La différence de proportion 13C/12C (traduisant l’enrichissement isotopique de l’air expiré) avant et après absorption d’urée marquée permet d’établir le seuil de positivité, au-dessus duquel on conclut à la présence d’Helicobacter pylori.

2. Quelles en sont les principales indications ?

L’unique indication de ce test est le contrôle de l’éradication d’HP (remboursé par l’Assurance maladie), réalisé au minimum un mois après la fin du traitement antibiotique d’éradication. Le test à l’urée marquée ne possède pas l’AMM en première intention pour le diagnostic.

Le diagnostic de l’infection par HP consiste soit en une biopsie effectuée à l’occasion d’une fibroscopie œso-gastro-duodénale suivie d’une identification anatomopathologique ou bactériologique de la présence de la bactérie, soit en une sérologie, par exemple dans le cadre d’un dépistage de l’infection par HP chez les apparentés au premier degré d’un patient ayant des lésions précancéreuses ou cancéreuses de l’estomac. La sérologie ne se négativant que très longtemps après l’éradication, le test respiratoire est indiqué à des fins de contrôle.

Après le traitement d’une gastrite ou d’un ulcère du duodénum, le contrôle endoscopique est inutile et le test à l’urée recommandé. En revanche, un ulcère gastrique traité, avec ou sans infection à HP, nécessite toujours un contrôle endoscopique, afin de vérifier la cicatrisation. C’est à l’occasion de ce contrôle que des biopsies pourront être effectuées, pour contrôler l’éradication de l'HP si un traitement a été prescrit.

Le test est contre-indiqué chez la femme enceinte ou qui allaite.

3. Comment s’effectue-t-il ?

Deux prélèvements d’air expiré sont réalisés, le premier avant l’ingestion de la solution à l’urée marquée, puis le second trente minutes après. Le patient doit être strictement à jeun (pas de tabac non plus) 12 heures avant le test, et avoir stoppé tout traitement antibiotique depuis au moins un mois, les anti-sécrétoires depuis deux semaines (risque de faux négatifs) et les anti-acides et les pansements gastro-intestinaux depuis 24 heures.

4. Que faire s’il est négatif ?

Rien de particulier. Le test respiratoire à l’urée marquée prouve l’absence d’HP avec une fiabilité de 95 %. En cas de doute (IPP non interrompus), il peut être refait quelques mois plus tard pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un faux négatif.

5. Quelles suites s’il est positif ?

La quadrithérapie bismuthée (10 jours d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) double dose et l’association bismuth-métronidazole-tétracycline) ou la quadrithérapie concomitante (14 jours d’IPP, amoxicilline, clarithromycine et métronidazole) sont les deux traitements d’éradication d’HP validés. Ces quadruples thérapies sont efficaces dans 80 à 90 % des cas. Un test respiratoire à l’urée positif constate un échec d’éradication de la première ligne de traitement (résistance de la souche, mauvaise observance). Un second traitement avec la quadruple thérapie encore non utilisée doit alors être prescrit, afin de contourner la résistance. Si, 30 jours après cette seconde ligne thérapeutique, le test respiratoire à l’urée est de nouveau positif, l’antibiothérapie doit être guidée par l’antibiogramme, à partir de biopsies gastriques.

Hélène Joubert (rédactrice), avec le Pr Frank Zerbib (chef du service d’hépato-gastro-entérologie et oncologie digestive, CHU de Bordeaux)

BIBLIOGRAPHIE
1. Malfertheiner P, Megraud F, O'Morain CA et al. European Helicobacter and Microbiota Study Group and Consensus panel. Management of Helicobacter pylori infection-the Maastricht V/Florence Consensus Report. Gut. 2017 Jan;66(1):6-30. doi: 10.1136/gutjnl-2016-312288. Epub 2016 Oct 5. PMID: 27707777.
2. Diagnostic de l’infection par Helicobacter pylori chez l’adulte. HAS. 2017.https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-06/dir83/heli…


Source : lequotidiendumedecin.fr