Obstetrique

LES GROSSESSES TARDIVES

Publié le 23/10/2009
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Avoir un enfant après 40 ans est de plus en plus fréquent. Les notions de parité, d’antécédents médicaux et d’observance médicale participent grandement au pronostic obstétrical.

Avoir un enfant à 40 ans devient très fréquent puisque 2,5% des Françaises ont cet âge au moment où elles accouchent. Avec l’amélioration de la surveillance prénatale, les résultats des grossesses tardives sont loin d’être mauvais. Un femme désirant un enfant après 42 ans peut tout à fait mener à bien son projet dès lors qu’elle se soumet à un suivi attentif. Ce sont les notions de parité, d’antécédents médicaux et de milieu social qui participent grandement au pronostic. Selon le Pr Frydman : « les grossesses tardives sont difficiles à concevoir mais simples à réussir. »

GROSSESSE TARDIVE, À PARTIR DE QUAND ?

Les publications sur les grossesses tardives concernaient il y a 10 ans les patientes de plus de 35 ans. De nos jours, la plupart des publications étudient les grossesses tardives à partir de 40 ans. Le changement de mode de vie, notammemnt les carrières professionnelles des femmes et les seconds mariages participent à la tendance aux grossesses tardives te au recul de lâge maternel à la naissance du premier enfanrt (29 ans versus 24 ans en 1970).

« Compte tenu du recul constant de la moyenne d’âge du premier enfant en France, -29 ans aujourd’hui-, j’ai tendance à parler de grossesse tardive à partir de 42 ans. De plus, les nouveaux modes de vie des femmes, les seconds mariages, les carrières professionnelles, sont autant de facteurs qui font reculer l’âge des femmes enceintes ».

LES PROBLÈMES D’HYPOFERTILITÉ

Le premier problème qui se pose concernant les grossesses tardives, est d’abord celui de la fertilité directement dépendante de l’âge maternel et aussi de la réserve ovarienne.

La fertilité de la femme baisse très vite à partir de 40 ans. Le taux de fécondité estimé entre 5 et 10% à 40 ans, passe à 5% à l’âge de 42 ans pour atteindre un niveau très faible à partir de 43 ans. L’âge des ovaires est apprécié par des dosages hormonaux au 3e jour du cycle et par échographie qui permettent d’apprécier la réserve ovarienne.

-) Globalement, à la maternité Antoine Béclère de Clamart, 30% des grossesses après 42 ans sont obtenues par PMA (voir schéma).

LES RISQUES MATERNELS

Le pronostic obstétrical

Une patiente sans antécédent qui ne développe pas de pathologie pendant la grossesse, a un bon pronostic obstétrical malgrè son âge avancé.

Une étude descriptive, rétrospective, unicentrique a été menée à la maternité de Clamart (niveau III) sur 3 ans entre janvier 2006 et décembre 2008 sur 173 patientes ayant accouché après 42 ans (1). Elle permet de brosser le portrait médico-obstétrical de ces gestations tardives.

-› Ainsi, l’âge moyen des patientes était de 43,9 ans (110 de 42 à 44 ans, 51 de 44 à 47 ans, et 12 femmes de plus de 47 ans) et 32% d’entre elles sont primipares.

-› Pour moitié, ces femmes de 42 ans et plus n’avaient aucun antécédent médical particulier. Pour l’autre moitié, 3% étaient hypertendues, 13% souffraient de troubles endocriniens, 12,7% étaient obèses et 11% tabagiques. Pour près de 32% d’entre elles âgées en moyenne de 44,4 ans, il s’agissait de leur première grossesse.

-› 37% des patientes de 42 ans et plus développent au moins une pathologie pendant leur gestation. 33% parmi les grossesses uniques et 68% parmi les gémellaires. La plupart des pathologies sont : HTA (12%), diabète gestationnel (12% traités par régime, 4% traités par insuline) et 6,4% de menaces d’accouchement prématuré. Les grosses uniques avaient deux fois plus de risque d’être pathologiques que les grossesses uniques.

« Il s’agit toujours de problèmes médicalement maitrisables, pondère le Pr Frydman. Et ces femmes d’âge mûr sont plus raisonnables et extrêmement compliantes aux recommandations médicales ».

Les complications obstétrico-pédiatriques

-› Les anomalies chromosomiques ont concerné un peu plus de 15% des naissances. « Un taux élevé, selon le Pr Frydman. Mais attendu puisque l’on sait que le risque chromosomique est directement lié à l’âge. » Toutefois, un peu moins de la moitié des femmes de l’étude ont subi une amniocentèse dans la mesure où les d’amniocentèses systématiques en fonction de l’âge de la patiente ne sont plus pratiquées. L’indication repose désormais sur un critère composite qui tient compte à la fois de l’âge, du résultat de l’échographie de dépistage et sur le taux des marqueurs foetaux.

-› Le terme moyen d’accouchement a été de 38 SA. Les accouchements prématurés de moins de 38 SA sont plus fréquents, 18% des naissances en moyenne (exceptionnels avant 30 SA). Ils concernent bien sûr davantage les grossesses multiples (52%) que les singletons (14%). Dans la population générale tout âge confondu en 2003, ce taux est respectivement de 44% et 5%.

-› Les césariennes ont été plus souvent pratiquées. Elles ont concerné 39% des grossesses uniques (19% dans la ppoluation générale) et 63% des grossesses gemellaires (50% en population générale).

-› Les hémorragies de la délivrances ont été assez fréquentes puisqu’elles ont concerné 8% des accouchements.

-› L’HTA est la pathologie qui a véritablement émaillé le post partum, puisqu’elle a concerné 20% des patientes.

-› Environ 10% des singletons et 40% des jumeaux sont nés hypotrophes, soit 21% des naissances.

-› Après 50 ans, le risque médical est clairement majoré pour la mère et l’enfant.

Dr Linda Sitruk (fmc@legeneraliste.fr) sous la responsabilité scientifique du Pr René Frydman (Chef du service de gynécologie-obstétrique. Hôpital Antoine Béclère. 157 rue de la Porte de Trivaux. 92141 Clamart cdx BP 405)

Source : Le Généraliste: 2502