Deux types de mesure contribuent à la prévention primaire de l'HTA : les mesures hygiéno-diététiques et le suivi d'un traitement hypertenseur. Mais l'observance de ces mesures est médiocre, comprise entre 40 et 60 %. Le Dr Hélène Vaillant-Roussel a mené, dans le cadre d'un travail de thèse de médecine générale à l'UFR de Clermont-Ferrand, une étude exploratoire de recherche clinique dont les objectifs étaient d'explorer les connaissances et les représentations qu'avaient les patients traités en prévention primaire sur les risques de leur hypertension artérielle et de renseigner les soignants sur des messages d'éducation pour ces patients. Les résultats ont été publiés dans la revue Exercer (1).
Méthode
Des entretiens individuels et semi-directifs ont été menés par un interne dans trois cabinets de médecine générale d'Auvergne (milieu urbain, semi-rural et rural). Les patients devaient être majeurs, traités pour l'HTA depuis au moins un an et ne pas avoir de troubles cognitifs ni de complications de leur HTA.
Résultats
24 patients ont été interviewés. Les travaux antérieurs suggéraient que la mauvaise observance des traitements pour l'HTA s'expliquait en partie par l'absence de symptômes et la non-perception du risque. Les entretiens ont été construits pour tester ces hypothèses.
Pour les complications, les deux thèmes majeurs étaient le cœur et ses artères (« infarctus », « malaises cardiaques », « boucher ses artères », « mauvais flux du sang »…) et le cerveau (« congestion cérébrale », « casser quelque chose dans la tête », « Alzheimer »…). La notion de «maladies cardiovasculaires » était connue mais mal comprise. Les patients évoquaient aussi des conséquences possibles sur l'humeur, sur les yeux et les reins. Les conséquences pouvaient être séparées en fonction de leur délai de survenue et de gravité. Les conséquences accidentelles (infarctus, paralysies, malaises cardiaques…) étaient surtout évoquées lorsqu'il existait des antécédents dans la famille ou l'entourage. A contrario, des conséquences plus chroniques, visibles à plus long terme et plus bénignes (le fait d'être énervé ou hyperactif, la fatigue du cœur, l'essoufflement, le vieillissement des artères…) étaient citées en l’absence d’antécédent dans l’entourage.
Discussion
Les patients ont une représentation bruyante de l'HTA; même lorsqu'ils n'ont pas ressenti de symptômes eux-mêmes, ils citent ceux de leurs proches. L'hypertension artérielle n'est pas seulement vécu comme un facteur de risque mais comme une véritable maladie. Les risques redoutés sont essentiellement focalisés sur le cœur et le cerveau. Le retentissement de l'HTA sur la rétine ou les artères sont mal connus. Les complications peuvent être séparées en deux catégories : l'accident et le vieillissement du corps, la mort n'ayant été citée qu'une seule fois. Les patients qui ressentent des troubles fonctionnels sont les plus inquiets par rapport au risque de complications.
Conclusion
L'HTA a un statut ambivalent entre maladie et facteur de risque. Elle est une maladie si elle se manifeste par des symptômes ou si elle présente un risque de complication invalidant. L'HTA est un facteur de risque si elle est considérée comme guérie grâce au traitement ou bien si elle est asymptomatique. Elle est alors banalisée par certains du fait de sa fréquence chez les personnes âgées. Les risques cardiovasculaires abstraits véhiculés par les médias et les médecins deviennent concrets et significatifs par l'expérience du patient ou de son entourage.
Cette étude suggère aux praticiens de plus instruire les patients des finalités de la prise en charge de l'HTA et des risques de complications. Cette information doit avoir pour objectif le bien-être du patient et ne pas être ressentie comme une menace, le patient et le soignant formant une alliance thérapeutique. Le patient devrait devenir maître dans la gestion de sa santé (apprendre à mesurer sa pression artérielle, à écouter son cœur, à estimer son alimentation…) et sa prise en charge se voudrait positive pour ne pas le mettre en échec: il fixerait ses propres objectifs accessibles, choisis et mesurables au fil du temps.
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)