Deux sortes de méthodes pouvent être utilisées pour prévenir une grossesse après un rapport sexuel non protégé. D’une part, le dispositif intra-utérin très efficace jusqu’à 5 jours mais très peu réalisable en pratique. Et, d’autre part, la méthode hormonale orale, appelée pilule du lendemain, « dénomination qu’il importe d’oublier, selon le Dr Prudhomme. Il est en effet préférable de parler de contraception d’urgence (CU). Le terme pilule du lendemain conduisant à une image réductrice de la durée de l’efficacité de cette contraception qui va maintenant jusqu’à cinq jours après le rapport sexuel et conduit donc à son sous-emploi.»
ENCORE DES GROSSESSES NON PLANIFIÉES
=)Malgré une bonne couverture contraceptive, une grossesse sur deux n’est pas planifiée en France et près des 2/3 des grossesses surviennent chez des femmes utilisant une méthode contraceptive (pilule, stérilet, préservatif, …). En effet, près de 80 % des femmes sexuellement actives utilisent un moyen de contraception, 90 % des jeunes ayant leur premier rapport sexuel utilisent un préservatif, 86 % des jeunes sexuellement actifs utilisent un moyen de contraception régulier (1).
=) Plus de 50 % des femmes ayant recours à une IVG utilisaient un moyen contraceptif. Il s’agissait dans un cas sur deux d’un changement de méthode contraceptive ou d’un oubli de pilule (21 % des femmes oublient leur pilule au moins une fois par mois, 21 % une fois tous les trois mois, 13 % tous les six mois). Le plus souvent, la pilule oubliée est prise avec retard.
=) L’aspect occasionnel des rapports représente l’un des facteur qui influence le plus la survenue de grossesse non planifiée (4).
=) Le risque de grossesse est souvent mal perçu : près de 60 % des femmes enceintes ne se sentaient pas à risque, les idées fausses – telle que la notion de périodes sans risques ou d’être protégée malgré des retards de prise de contraceptif – ont toujours la vie dure.
=) La connaissance imparfaite de la contraception d’urgence est responsable de sa sous-utilisation :
- près de 20 % des femmes ne pensent pas à la CU, 12 % pensent à tort qu’elles sont hors délai,
- 35 % pensent qu’elle est réservée aux femmes jeunes,
- plus de 78 % ne savent pas qu’elle peut être utilisée dans les 72 heures, et maintenant 5 jours, après le rapport non protégé,
- une femme sur quatre pense qu’il faut une prescription pour l’obtenir.
DEUX CU HORMONALES AU CHOIX
L’offre de CU hormonale est aujourd’hui plus variée mais il faut connaître les caractéristiques de chaque produit.
=)Le levonorgestrel (Norlevo?) agit contre l’émergence du pic de LH. Il doit être pris per os dans les 72 heures (3 jours) suivant le rapport. Son efficacité est de 95 % dans les 24 heures, 85 % entre 14 et 48 heures et 58 % entre 48 et 72 heures. Il garde encore une efficacité à 4/5 jours mais elle est réduite. Le levonorgestrel est en vente libre en pharmacie, remboursé sur ordonnance, gratuit pour les moins de 18 ans et disponible dans les infirmeries scolaires. Son coût est de 7,58 euros (3).
=) L’ulipristal acétate (Ellaone? 30mg) est le premier d’une nouvelle classe thérapeutique, les SPRM (modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone). Il agit en inhibant ou en retardant l’ovulation ; la fécondation ne peut se produire que si le rapport sexuel a eu lieu dans les 5 jours précédant l’ovulation, durée de survie des spermatozoïdes dans les voies génitales féminines. L’ulipristal acétate n’est disponible que sur ordonnance et est remboursé depuis septembre 2010. Il est plus efficace que le levonorgestrel, aussi bien toléré et surtout son efficacité reste stable durant 120 heures (cinq jours). Il est contre-indiqué chez les femmes allaitantes et son coût est plus élevé : 24 euros (3).
À FAIRE ET A DIRE AUX PATIENTES
Le médecin a un rôle incontournable lors de la prescription initiale ou du renouvellement d’un contraceptif pour parler de la CU et la prescrire.
=) S’enquérir du risque d’oubli de pilule par la patiente, en lui précisant que le choix horaire est le sien tout en réfléchissant avec elle au meilleur moment. Se poser la question d’une prise en continu ou discontinu car de nombreux oublis surviennent au moment de la reprise avec des prises en décalage.
=) Anticiper la prescription de CU. Particulièrement pour les jeunes filles ou les femmes éprouvant des difficultés à anticiper des rapports irréguliers et qui ne sont pas dans une démarche de contraception régulière. Cette prescription anticipée ne doit pas être limitée aux jeunes, la majorité des grossesses non planifiées survient chez des femmes de plus de 25 ans. Avoir une boite disponible dans sa pharmacie limite les problèmes d’accès en cas de besoin et augmente l’efficacité.
=) On conseille le préservatif jusqu’à la survenue des règles suivantes et de faire un test de grossesse 15 jours à 3 semaines après la prise. En rappelant que la CU protège pour les rapports qui ont eu lieu, pas ceux à venir !
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