Covid-19 : la HAS étoffe la liste des personnes à vacciner en priorité

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Publié le 02/03/2021
La trisomie 21 compte désormais parmi les critères de priorisation de la HAS.

La trisomie 21 compte désormais parmi les critères de priorisation de la HAS.
Crédit photo : SPL/PHANIE

Une semaine environ après l'ouverture de la vaccination aux plus de 50 ans particulièrement vulnérables au covid-19, la HAS revient sur la liste des sujets à risque de formes sévères devant recevoir prioritairement un vaccin. 

Depuis sa publication fin novembre, « de très nombreuses études sont sorties » au sujet des facteurs de risque de forme grave de covid-19, indiquait ce matin lors d’une conférence de presse la Présidente de la HAS, Dominique Le Guludec. D’où la nécessité pour l’autorité sanitaire de « se repositionner [à propos] de la priorisation », et ce à la lumière des connaissances les plus récentes, comme l'a expliqué le Pr Elizabeth Bouvet, Présidente de la commission technique des vaccinations.

Ainsi, l’autorité sanitaire a-t-elle conduit une revue de la littérature « exhaustive ». Au total, plus de 200 travaux, dont deux investigations françaises de grande ampleur – l’étude Epi-Phare menée par l’Assurance Maladie et l’ANSM, et l’étude du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) réalisée par une équipe bordelaise –, ont été analysés.

L’âge, facteur de risque majeur

Résultat : « l’âge est et reste le facteur de risque majeur de faire une forme grave, d’être hospitalisé ou de décéder du covid-19 », souligne Dominique Le Guludec. D’après l’instance, les sujets de 50 à 64 ans présenteraient en effet un risque de décéder du covid-19 trois fois supérieur à celui des adultes plus jeunes - un surrisque qui atteindrait un facteur 7, 10, voire 16 chez les 65-74 ans, les 75-80 ans et les plus de 80 ans, respectivement.

D’où la nécessité de continuer à proposer en tout premier lieu la vaccination aux adultes de plus de 75 ans.

Des comorbidités à considérer en fonction de l’âge

« La présence de plusieurs comorbidités est néanmoins également un facteur de risque [certes] moins fort mais important », rappelle le Pr Le Guludec. Autrement dit, il existe des comorbidités qui, au sein de chaque tranche d’âge, augmentent encore le risque de décès et doivent conduire à surprioriser la vaccination, ajoute le Pr Bouvet. Ainsi la HAS revoit-elle également la liste de ces comorbidités susceptibles d’exacerber les risques liés à l’âge.

Une révision qui consiste en fait en un ensemble d'ajouts. Si certains critères restent – à l’instar du diabète, de l’obésité, des cancers récents, de la BPCO, de l’insuffisance respiratoire, de l’insuffisance cardiaque et de l’HTA compliquée –, d’autres apparaissent en effet pour la première fois. « Ce sont les pathologies hépatiques et notamment la cirrhose, les troubles psychiatriques qui ressortent très nettement dans l’étude Epi-Phare, la démence et […] les antécédents d’AVC », détaille Elisabeth Bouvet.

À noter que la HAS souligne également « l’attention particulière qui devra être portée aux personnes polypathologiques, qui font partie des personnes à vacciner en priorité », les études montrant que le cumul de trois comorbidités fait atteindre un niveau de risque similaire à celui associé à la tranche d’âge supérieure. « Parmi les personnes de 65 à 74 ans, celles qui présentent plus de 3 facteurs de risque ont un risque de décéder supérieur à ceux de la tranche d’âge supérieure (plus de 75 ans) qui présentent une ou deux comorbidités », illustre ainsi le Pr Bouvet.

Des pathologies à prendre en compte quel que soit l’âge

Enfin, la HAS considère désormais que d’autres situations cliniques encore méritent aussi d’être prises en compte pour proposer très prioritairement la vaccination, cette fois même indépendamment de l’âge.

C’est notamment le cas de pathologies « pour lesquelles il existe un très haut risque de décès (risque relatif multiplié par 3) », résume Elisabeth Bouvet. A savoir : la trisomie 21, le fait d’avoir une transplantation d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, et l’insuffisance rénale chronique terminale – nécessitant une dialyse.

D’autres « situations particulières repérées comme à risque de formes graves [dans la pratique, mais ne pouvant] être explicitement identifiées à partir de la revue de la littérature » sont également concernées, précise l’instance, qui recommande donc que soient également priorisées « indépendamment de leur âge, les personnes jugées particulièrement vulnérables par leur médecin ». Plus concrètement, il s’agit par exemple des personnes présentant des « affections préexistantes rares ou graves » comme certains déficits immunitaires sévères, hémopathies, handicaps, etc.


Source : lequotidiendumedecin.fr