Introduction précoce de tous les groupes d’aliments, consommation de matières grasses à tous les repas, importance des interactions parents/enfants pendant le repas, etc. En cette rentrée 2021, Santé Publique France revient sur la diversification alimentaire chez les enfants de moins de 3 ans avec de nouvelles recommandations adressées aux parents mais aussi aux professionnels de santé. « Étant au plus proche des familles dans la période de diversification alimentaire qui peut susciter beaucoup de questions, vous êtes un interlocuteur privilégié pour relayer ces recommandations auprès des parents et adapter les conseils à chaque enfant, chaque situation », souligne l’instance.
Publiées en début de semaine, ces préconisations formulées dans le cadre du Plan national de nutrition santé (PNNS) se basent en fait sur de récents avis de l’Anses et du HCSP. « Elles ont [aussi] été mises au point avec l’appui de professionnels de santé et de la petite enfance et on fait l’objet de plusieurs études auprès de parents et de professionnels de santé », avance Santé Publique France.
Leur objectif : contribuer, dans le cadre du PNNS, à « aider les Français à modifier leurs habitudes alimentaires ». En effet, « les pratiques éducatives des parents, des proches et plus largement de l’entourage social [contribuent] à l’acceptation par l’enfant de nouveaux aliments pendant la période de diversification et [ont] une influence sur sa manière de s’alimenter sur le long terme », rappelle l’agence de santé publique.
Introduction précoce de tous les types d’aliments
En pratique, la « principale nouveauté » instaurée par ces recommandations concerne, pour Santé Publique France, la possibilité d’introduire précocement – dès 4 à 6 mois – et sans ordre particulier tous les groupes d’aliments, y compris ceux réputés allergènes. « Il n’est plus recommandé de retarder l’introduction d’aliments comme le gluten, l’œuf, les arachides, les produits laitiers (dès un an, il est possible d’alterner lait de croissance et lait de vache entier UHT si la famille a des problèmes de budget), même chez l’enfant à risque d’allergie », insiste l’agence. Le tout sans oublier les aliments riches en fibre tels que les légumes secs ou les produits à base de céréales complètes, « à introduire en fonction des capacités digestives de l’enfant ».
À noter par ailleurs que la diversification alimentaire ne concernant pas seulement l’introduction de multiples types d’aliments mais aussi celle de textures nouvelles pour l’enfant. Santé Publique France invite ainsi à passer assez tôt – dès 2 mois après le début de la diversification – aux préparations semi-solides (purées, compotes lisses, aliments écrasés) puis solides (petits morceaux mous puis à croquer). « Cela stimule l’apprentissage de la mastication et l’acceptation ultérieure des aliments solides. »
Oui aux matières grasses mais non à l’excès de produits sucrés
Parmi les autres points saillants de ces recommandations, Santé Publique France attire l’attention sur l’utilisation des matières grasses et des produits sucrés.
Contrairement aux idées reçues, l’agence conseille en effet d’utiliser les premières à chaque repas. « Les apports en lipides des enfants de moins de 3 ans sont en moyenne insuffisants », plaide-t-elle. De fait, « les besoins nutritionnels des enfants de moins de 3 ans sont caractérisés par un besoin rapporté à l’apport énergétique total (AET) en lipides plus élevés que celui des adultes », indique l’Anses. Aussi, Santé Publique France conseille « d’ajouter systématiquement des matières grasses [aux] préparations maison ou [à] celles du commerce qui n’en contiennent pas ». Et ce en alternant les sources de lipides – végétales (huile de colza, de noix, d’olive) comme animales (« de temps en temps un peu de beurre »).
Au contraire, alors que l’introduction des produits sucrés se faisait jusqu’à maintenant assez tôt, Santé Publique France enjoint plutôt à la retarder et à la limiter le plus possible. « La consommation d’aliments riches en sucres – type confiserie, boissons sucrées, gâteaux, etc. – […] semble difficilement compatible avec la mise en place d’habitudes alimentaires saines », insiste l’agence, qui attire l’attention sur le goûter, trop souvent essentiellement composé de produits transformés et sucrés. « Il est fortement recommandé de sensibiliser les parents à l’importance de proposer à l’enfant des produits intéressants d’un point de vue nutritionnel au goûter », invite-t-elle.
Attention aux aliments à risque infectieux
Ces nouvelles recommandations reprennent aussi des préconisations déjà ancienne mais que Santé Publique France souligne à nouveau.
« [En particulier], il est […] important de rappeler aux parents que certains aliments sont à proscrire en raison de risques infectieux, car ils n’en ont pas toujours conscience. » Parmi ces produits sensibles : le lait cru et les fromages au lait cru (à éviter avant 5 ans), les viandes, les poissons, les coquillages et œufs crus ou peu cuits (à éviter avant 3 ans), ou encore le miel (associé à un risque de botulisme infantile, à éviter avant 1 an).
Enfin, au-delà des types d’aliments et de leurs modes de préparation, Santé Publique France insiste aussi sur les « fondamentaux » de l’interaction parents/enfants lors du repas. En fait, l’agence incite surtout à proscrire les écrans pendant ce moment et à ne pas forcer les enfants à manger. Elle conseille en effet de « proposer à l’enfant de manière répétée (jusqu’à 10 fois) les aliments qu’il n’apprécie pas tout de suite, [de] faire confiance à son appétit et [d’] être attentif aux signes de rassasiement, [sans] le forcer à manger ».
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