Moins d’une semaine après que l’Agence européenne du médicament (EMA) a autorisé l’utilisation du vaccin de Pfizer – BioNTech chez les adolescents de 12 à 15 ans, la Haute autorité de santé (HAS) vient de rendre un avis favorable à l’ouverture de la vaccination par Comirnaty à tous les enfants de cette classe d’âge.
Une extension de cible vaccinale qui devrait se faire en deux étapes. En effet, l’autorité sanitaire recommande d’ouvrir d’abord très rapidement la vaccination « aux adolescents souffrant de comorbidités […] identifiées chez l’adulte comme facteurs de risque de formes graves de Covid-19 » ainsi qu'à ceux qui vivent « dans l’entourage de personnes immunodéprimées ou […] de personnes vulnérables qui ne seraient pas vaccinées ». La HAS préconise aussi de proposer la vaccination à tous les adolescents en bonne santé, mais seulement dans un second temps, « dès lors que la campagne de vaccination de la population adulte sera considérée comme suffisamment avancée ».
Prévenir de nouvelles fermetures de classe
Pour expliquer sa position, la HAS avance d’abord des bénéfices individuels directs de la vaccination des adolescents. « Bien qu’elles soient rares, des formes sévères de Covid-19 peuvent survenir chez les adolescents », rappelle l’autorité. De fait, si les enfants développement très rarement des formes graves de Covid-19, plus de 4 000 hospitalisations de 700 admissions en soins critiques ont été comptabilisées en France depuis le début de la pandémie. Et ce majoritairement chez des enfants présentant des comorbidités (obésité, immunodéficience, etc.), d’où la nécessité de cibler ces adolescents en priorité. « Comme chez l’adulte, des formes persistantes de Covid-19 ont également été rapportées dans des séries de cas », rapporte aussi la HAS.
Par ailleurs, l’autorité sanitaire envisage également des bénéfices individuels plus indirects. « Dans certaines hypothèses de circulation du virus, l’absence de vaccination des adolescents les exposerait à ce que des […] fermetures ciblées des établissements les touchent à nouveau », mesures dont on connaît désormais l’impact par exemple sur la santé mentale. « Dès lors, une vaccination des adolescents aurait un bénéfice individuel évident sur le plan psychologique et social » en évitant plus de fermetures de classes, plaide la HAS.
Eviter le développement de réservoirs
Mais surtout, l’autorité sanitaire souligne l’intérêt collectif de la vaccination des adolescents pour freiner la propagation du virus. « La vaccination des adolescents vient compléter celle des adultes dans l’objectif de diminuer la circulation du virus et de permettre, à terme, une baisse des mesures de protection additionnelles », insiste-t-elle. Selon la HAS, si les données de la littérature montrent que la transmission du SARS-CoV-2 chez les adolescents n’est pas un facteur majeur de circulation du virus dans la communauté, cet état de fait pourrait en effet être mis à mal par les nouveaux variants, et diverses modélisations prévoient qu’une couverture vaccinale élevée est nécessaire dans toute la population pour pouvoir relâcher totalement les restrictions.
En outre, comme l’expliquait ce matin lors d’une conférence de presse la présidente de la HAS Dominique Le Guludec, cet avis paraît à un moment de basculement des objectifs de la campagne. Moins limitée par des tensions d’approvisionnements, celle-ci ne vise désormais plus seulement à réduire la morbi-mortalité liée à la maladie en protégeant au moins les plus fragiles, mais aussi à éviter une reprise de l’épidémie sous l’effet de la circulation encore importante du SARS-CoV-2 et de l’arrivée de nouveaux variants plus contagieux. Et ce en atteignant la couverture vaccinale la plus élevée et la plus homogène possible. Dans ce cadre, la vaccination des adolescents pourrait permettre d’éviter qu'un réservoir de virus ne se constituent au sein de la population pédiatrique.
Sécurité et acceptabilité élevée
À noter enfin que cette décision de la HAS de proposer l’ouverture de la vaccination aux adolescents repose sur les résultats de l’essai clinique conduit par Pfizer chez les 12-15 ans. Travail d'après lequel, les performances du vaccin chez les 12-15 ans semblent bonnes, comme le rappelait ce matin lors de la conférence de presse le Pr Elizabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS. De fait, son efficacité apparaît très élevée (75-100 %) contre les formes symptomatiques classiques – un bémol étant que l’étude, conduite sur un échantillon relativement réduit, n’a pas permis de vérifier l’efficacité du vaccin contre les formes graves. De même, aucun signal de sécurité n’a été noté.
En outre, l'acceptabilité de cette extension d'indications apparaît a priori bonne. La dernière enquête CoviPrev a en effet montré en mai que près de 50 % des parents sont favorables à la vaccination de leurs enfants.
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