Entre l’Europe et la santé hexagonale, la relation est paradoxale. Que serait la seconde sans la première ? Selon l’Ordre, 10 000 médecins diplômés dans l’UE hors de France pallient la pénurie dans notre pays. L’Europe, c’est en effet un vaste espace de mutualisation des compétences. Et corrélativement, la possibilité de se faire soigner (et rembourser) en tout point du Vieux continent. Ce sont par ailleurs des institutions comme l’EMA, Agence du médicament, qui tirent vers le haut l’expertise et l’innovation… et qu’à la faveur du Brexit, la France aurait bien aimé accueillir ! L’influence de Bruxelles s’est aussi traduite, ne l’oublions pas, par des politiques et des normes ambitieuses qui ont donné le « la », sur la lutte contre le tabac ou la qualité de l’air, par exemple.
Et pourtant, malgré ces acquis, l’UE effraye. On se méfie d’une idéologie libérale, qui déréglementerait le monde du soin. Qui ne se souvient de la polémique autour de la directive Bolkestein, de celle plus récente sur l’accès partiel aux professions de santé ou lors de l’implantation sauvage de l’Université Fernando Pessoa à Béziers ? La question de l’hétérogénéité des formations et des diplômes est un défi auquel l’espace Schengen doit d’ailleurs s’attaquer s’il veut bâtir une santé sans frontières (et sans arrière-pensées) entre États. Ce n’est pas un hasard si les médecins libéraux de l’EANA organisent leur prochain séminaire sur la recertification dans l’Union… On reproche aussi à cette dernière ses indécisions, comme dans l’affaire du glyphosate, sur laquelle, la commission a été incapable de mettre d’accord les 27. Bruxelles est par ailleurs mal perçue, parce qu’elle est le champ clos de lobbies qui ont mauvaise presse. Et peut-être enfin parce que la santé n’est qu’une de ses compétences subsidiaires, avec des personnalités peu médiatiques en responsabilité . Au fait, qui se souvient du nom des Commissaire chargé de la Santé qui se sont succédé ces dernières années ?
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