Courrier des lecteurs

Le DPC et ses vicissitudes

Publié le 28/03/2019

Il y a quelques jours de cela, de nombreux généralistes ont reçu via leur boîte mail une invitation à une formation sur la cancérologie à l’automne. Ce mail ressemblait en tout point à celui d’une éventuelle adhésion à une formation traditionnelle OGDPC choisie par le praticien.

En fait, il s’agissait visiblement d’une incitation forte (ou plutôt d’une intrusion éhontée) à une participation à ce programme de formation. Par la suite nous avons appris que l’organisme en charge de cette formation avait utilisé sciemment le fichier de l’OGDPC pour nous contacter.

Derrière ce fait se cache une réalité qui nous incite à nous poser de nombreuses questions. Tout d’abord, la formation des médecins est gérée par un organisme qui donne, en fonction de la qualité du contenu et de la nature de la formation, un agrément. Cela permet à des organismes en charge de formations et au médecin de recevoir une indemnisation.

Les médecins cotisent annuellement (une somme peu rondelette, il faut le reconnaître) pour alimenter le fond de cette structure. Lors de la participation à une journée, une soirée ou un e-formation, le médecin reçoit après sa participation une indemnité qui est également donnée à la société en charge du programme de formation (la société est payée le plus souvent en premier).

Force est de constater que les émoluments des sociétés agrées pour ces formations doivent être attractives car nous sommes depuis quelques mois inondés de mails divers, mais aussi de propositions diverses par voie postale. On ne peut être que surpris par le harcèlement de certaines agences de formation qui n’hésitent pas à envoyer des books brochés, des cartes postales, et même des mails envoyés via des collègues connus et bien placés dans ces structures. Le coût généré par ces envois, et le nombre de structures s’impliquant dans la FMC indemnisée nous démontre que la soupe doit être excellente.

Ainsi, tout médecin a la possibilité de souscrire à un programme de son choix avec une structure qui a obtenu l’agrément de l’OGDPC. Or, nous remarquons que les caisses sont le plus souvent vides au mois de septembre, et que certains collègues souhaitant suivre une formation, ne peuvent pas participer. Cela est quelque peu injuste pour ceux qui n’ont pas participé, et nous incite à faire des propositions.

Pourquoi, afin d’éviter les dérives de certaines sociétés, ne pas donner la gestion totale de la formation par l’OGDPC ? Ainsi, de manière trimestrielle le médecin serait informé des différentes actions agrées au sein de sa région sans qu’il y ait de harcèlement postal et informatique (avec parfois des mails peu scrupuleux). Pourquoi ne pas réduire la part d’indemnisation aux sociétés prestataires ; cela pour donner à plus de médecins des chances de formation ?

D’autre part, certains faits délivrés dans la presse médicale pointent du doigt des dérives de certains organisateurs dont la qualité du DPC laisse à désirer. Dans ce contexte, n’est-il pas possible de faire contrôler de manière aléatoire, par des confrères, certaines journées de formation ?

Toujours est-il que le système de formation indemnisé est une bonne alternative pour que les médecins puissent améliorer leur connaissance. Cependant, il serait judicieux d’être plus juste quant à la répartition des actions pour qu’une plus grande majorité de praticiens puissent être satisfaits.

Quant aux structures en charge des formations, il est indispensable de bien mettre en avant leur sérieux lors de l’élaboration de leur portefeuille de formations, et la nécessité de mettre à l’index celles qui souhaitent avant tout se remplir les poches.

« Mieux vaut être à court d’argent que de bon sens » Ray J (naturaliste anglais).

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin: 9736