Le nombre important de consultations non programmées auprès des services d’urgences hospitalières et des médecins libéraux entraîne une saturation des structures de soins. L’usage inadapté des consultations urgentes est une notion devenue quasiment culturelle. En France, en 2001, le nombre de passages aux urgences tous âges confondus a été estimé à 13,5 millions. Ce nombre croît de 4,5 % par an. La pédiatrie n’échappe pas à cette évolution puisque 13 à 20 % des consultations non programmées sont médicalement non justifiées.
Pour tenter d’obtenir un équilibre entre cette demande croissante de consultations et l’offre limitée des moyens de structures d’urgence, les États-Unis et l’Angleterre ont mis en place des plateformes téléphoniques dédiées à la pédiatrie où la régulation médicale est assurée par des paramédicaux spécifiquement formés. En France, la mise en place d’un tel système n’est légalement pas possible. Tout appel à caractère médical doit être régulé par un médecin, l’intervention de paramédicaux ne pouvant se faire qu’en deuxième ligne.
L’association Courlygones, un réseau ville hôpital de pédiatrie, a testé puis confirmé l’efficacité d’une telle organisation sur la réduction du nombre de consultations non programmées et non justifiées aux urgences ainsi que sa faisabilité technique. Les résultats de cette étude menée par une équipe lyonnaise, viennent d’être publiés dans le dernier numéro de la presse Médicale(1).
Une plate-forme téléphonique, animée par groupe de 5 répondants (puéricultrice, infirmière ou sage-femme) spécifiquement formés, a été placée en dérivation de la régulation du Centre 15 et du Samu. Cinq motifs les plus importants de consultations non programmées, jugés comme inquiétants par les parents mais souvent bénins ont été retenus : l’état fébrile depuis moins de 48 heures chez les enfants de 3 mois à 6 ans, la diarrhée chez les enfants de 12 mois à 3 ans, la gêne respiratoire chez les enfants de 3 mois à 3 ans, le traumatisme crânien chez les enfants de l’âge de la marche à 12 ans et les pleurs des enfants non fébriles de 0 à 4 mois. Pour chacun de ces thèmes, un algorithme de type questions/ réponses a été établi par une équipe pluridisciplinaire, à partir de fiches écrites existantes réalisées par l’association Courlygones.
Un total de 250 appels a été traité sur 97 jours de réponse. Les parents étaient dans 85 % des cas à l’origine de l’appel et 55 % n’avaient qu’un seul enfant. La durée moyenne de l’appel a été de 5 à 8 minutes, et dans 97,3 % des cas, les appelants étaient satisfaits des conseils donnés. Après diffusion du message, 59,5 % des appelants ont eu recours à une consultation dans un délai de 20 h pour obtenir un nouvel avis. Seules 2,34 % de ces consultations ont donné lieu à une hospitalisation sans retard de prise en charge.
Aux auteurs de souligner que « leur étude a confirmé le besoin de conseils simples pour la population générale, et ce d’autant qu’il s’agit de parents d’un premier enfant, que les parents sont jeunes et face à ces situations pour la première fois (…) et que le recours aux structures d’urgences est plus approprié, que ce soit en ambulatoire ou à l’hôpital. »
1- Stagnara J et al. Réduction des consultations non programmées et non justifiées dans le cadre des urgences padiatriques grâce à une plateforme téléphonique. Presse Med. 2010 ;39 :e258-e263.
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