La dernière lettre de la HAS, intitulée DPC et Pratiques, reprend l’incroyable histoire de la naissance de la simulation en santé et annonce son inéluctable progression (1).
À la fin des années 1880, une jeune femme est retrouvée noyée dans la Seine à hauteur du quai du Louvre. Nul ne sait qui elle est et personne ne réclame son corps. A la morgue, le médecin, frappé par la beauté énigmatique du sourire de la défunte, réalise un masque mortuaire qui va être reproduit par la suite de nombreuses fois. Ce fait divers est le point de départ d’une légende (l’inconnue de la Seine) qui va inspirer de nombreux écrivains et réalisateurs de films. En 1958, les anesthésistes James Elam et Peter Safar confirment l’intérêt de la méthode de réanimation par le bouche-à-bouche mais ils se heurtent au problème de la diffusion de la méthode et de son apprentissage. Ils décident d’utiliser un mannequin et ils se tournent vers un fabricant de jouets, Asmund Laerdal. De leur collaboration va naître le premier mannequin de simulation utilisable pour l’apprentissage des gestes d’urgence. Un nom lui est attribué (Anne Resusci) et un visage, celui de l’inconnue de la Seine dont le fabricant de jouets possède une copie du masque mortuaire. La simulation en santé était née.
A l’instar de ce qui existe dans l’aéronautique, la simulation en santé va se développer mais reste confidentielle en dehors l’anesthésie ou de la chirurgie. En France, elle est encore peu utilisée.
Un article d’ Abraham J. paru dans l’American Journal of Medical Quality en avril 2011 a recensé la bibliographie consacrée à l’utilisation de la simulation dans l’enseignement de la qualité et de la sécurité des soins.
Ainsi, une étude menée en obstétrique révèle que, face à des situations difficiles, les étudiants ayant reçu un enseignement et une analyse de leurs pratiques dans un environnement de simulation avec retour des résultats pratiquent plus de délivrances et ont un niveau de confiance supérieur à ceux n’ayant reçu qu’enseignement.
Une autre étude a recueilli les opinions d’étudiants en médecine confrontés à des mannequins de simulation. Non seulement la simulation les aide à comprendre les scénarios complexes mais elle leur permet d’aller jusqu’au bout des prises en charge car il est possible de tester toutes les possibilités thérapeutiques dans une situation donnée.
L’ancien dogme pédagogique qui consiste à assister à un acte réalisé par quelqu’un d’expérimenté, puis à le reproduire soi-même avant de l’enseigner (« see one, do one, teach one ») ne peut plus perdurer, pour des raisons éthiques – les patients sont vulnérables aux erreurs – mais aussi pour des raisons de performances : dans 29 études randomisées, les étudiants qui ont participé à un enseignement par simulation pratiquent certaines opérations avec un gain de temps de 30 % et avec six fois moins d’erreurs que le groupe qui a reçu l’enseignement traditionnel.
La simulation va prendre une place de plus en plus importante en raison de deux phénomènes convergents : les simulateurs deviennent très sophistiqués permettant de reproduire un grand nombre de situations, et la société devient moins tolérante aux erreurs médicales.
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