Repères patient

Sinusite maxillaire : antibiotiques… ou pas ?

Publié le 15/01/2016
Article réservé aux abonnés

Les sinusites virales et de nombreuses sinusites bactériennes ne justifient pas de traitement antibiotique, et le patient doit tenir un rôle actif dans sa guérison.

rp

rp

 

J’EXPLIQUE

> La sinusite infectieuse est une inflammation des sinus, le plus souvent suite à une rhinopharyngite (RP), car l’œdème muqueux compromet le drainage sinusien et favorise la pullulation microbienne.

> Le diagnostic de sinusite est clinique. Bien souvent, le diagnostic est posé par excès devant une banale RP, dont les symptômes peuvent être  relativement semblables.

> Dans la RP, les sinusalgies correspondent à une congestion des méats sinusiens et la rhinorrhée purulente n’est pas synonyme de surinfection bactérienne. Ces symptômes, d’origine virale, disparaissent le plus souvent spontanément : moins de 2 % des RP se compliqueront de sinusites bactériennes. Dans ce cas, les signes s'installent en moins de 3j à la suite d’une « RP banale qui ne passe pas ».

> En faveur d’une sinusite maxillaire aiguë purulente, on retrouve dans les suites d'une RP, au moins 2 critères « majeurs » :

1-  persistance ou augmentation des douleurs infra-orbitaires malgré le  traitement symptomatique suivi pendant au moins 48h ;

2- le type de douleur : unilatérale et/ou aggravée par l’antéflexion de la tête et/ou pulsatile et/ou son acmé en fin d’après-midi et la nuit ;

3- l’augmentation de la rhinorrhée et le caractère continu de la purulence, d’autant plus qu’elle est unilatérale

Il existe des critères « mineurs » : persistance de la fièvre au-delà de J3 ; persistance après J10 de l’obstruction nasale, des éternuements, de la gêne pharyngée, de la toux.
 

J’INFORME

> La distinction entre RP et sinusite n’est donc pas aussi simple qu’il y paraît. Mais parmi les sinusites infectieuses, la difficulté majeure est de distinguer les formes virales des formes bactériennes. Il n’existe pas de test de diagnostic rapide : c’est la raison pour laquelle, alors que seules 0,5 à 2 % des sinusites correspondent à des surinfections bactériennes, un antibiotique reste prescrit dans 85 à 98 % des cas…

> Une étude récente retrouvait que 64 à 80 % des patients sous placebo guérissent en moins de 15j : pas plus que les patients traités par antibiothérapie, mais légèrement plus rapidement (au prix d’effets secondaires possibles).

> Pour éviter la transformation d’une RP en sinusite, il est nécessaire d’éviter les irritants respiratoires (notamment le tabac), boire régulièrement (pour fluidifier les sécrétions), dormir la tête surélevée, aérer le domicile, humidifier l’air ambiant et également l’intérieur du nez (sérum physiologique, eau de mer…).

> Les virus respiratoires sont contagieux. Il faut couvrir la bouche lors de la toux, jeter rapidement les mouchoirs en papier, utiliser régulièrement les solutions hydro-alcooliques et limiter les contacts rapprochés.
 

JE PRESCRIS

> Le traitement symptomatique comprend avant tout un antalgique : le paracétamol a un meilleur profil de sécurité que les AINS qui pourraient notamment favoriser la surinfection bactérienne. Souvent oubliés, les lavages de nez, notamment par les techniques d’irrigation nasale, permettent  d’évacuer les mucosités. Les vasoconstricteurs peuvent améliorer l’obstruction nasale mais leur effet rebond en limite leur utilisation à 3j.

> Le traitement antibiotique est justifié (grade B) lorsque la sinusite répond aux critères ci-dessus (2 critères majeurs) ou en cas d’échec du traitement symptomatique (accord professionnel) bien conduit pendant 48-72h. On choisit en première intention l’amoxicilline 2-3g/j pendant 7-10j.

> Les corticoïdes oraux en cure courte (< 7 jours) ne concernent que les formes hyperalgiques, en association à l’antibiothérapie.

 

J’ALERTE

> Si les symptômes persistent ou s'aggravent après 3j de traitement (symptomatique ou antibiotique), une nouvelle consultation est nécessaire.

> Les baignades et les voyages en avion sont contre-indiqués en période aiguë.

> L’émergence de résistances bactériennes doit faire rappeler qu’en cas de RP, l’antibiothérapie ne prévient pas la survenue de sinusite.

> Une douleur maxillaire supérieure unilatérale non précédée d'une RP doit faire évoquer une origine dentaire et justifie un avis odontologique rapide. L’antibiothérapie est nécessaire.

> Chez l’enfant, les sinus maxillaires ne sont pas développés avant l’âge de 3 ans. Chez eux, une sinusite maxillaire se manifestera davantage par une toux. 

 

JE RENVOIE SUR LE WEB

http://www.ameli-sante.fr/sinusite/reconnaitre-sinusite.html

 

 

Dr Julie Van Den Broucke (médecin généraliste)

Source : lequotidiendumedecin.fr