Dans le cadre du Plan cancer 2009-2013, la HAS en juillet 2010 recommandait à toutes les femmes de 25 à 65 ans de se soumettre à un frottis cervico-utérin (FCU) tous les 3 ans (après 2 FCU normaux réalisés à 1 an d’intervalle). Et plaçait dans le même temps le médecin traitant en première ligne de cette démarche lui attribuant 3 missions :
- inciter les patientes à la participation au dépistage,
- prescrire un test de dépistage ou le réaliser lui-même et s’assurer de la bonne prise en charge en cas de test positif,
- et, chaque fois que nécessaire, faire la synthèse des informations transmises par les professionnels de santé concernés.
La HAS pointait le fait que plus de 50 % des femmes ne sont pas ou sont trop peu souvent dépistées, qu’environ 40 % des femmes sont dépistées trop fréquemment, 10 % seulement des femmes bénéficiant d’un dépistage dans l’intervalle recommandé.
Mais de leur côté, « les femmes seraient plutôt favorables à davantage d`informations et d’implication de la part de leur médecin généraliste dans leur suivi gynécologique, en tant que superviseur ou acteur », telle est la conclusion d’un travail de recherche, réalisé dans le cadre d’une thèse de médecine générale, et récemment publié dans la revue Exercer (1). Le but de ce travail était d’explorer les facteurs individuels pouvant influer sur ce dépistage : les obstacles et les difficultés ressentis par les femmes pour leur suivi gynécologique systématique, et les déterminants qui guident leurs choix pour le FCU.
MÉTHODE
Pour réaliser cette étude qualitative, 14 entretiens semi-dirigés avec des femmes âgées de 20 à 65 ans ont été réalisés de mars à juin 2010. Ces patientes ont été sélectionnées dans la clientèle de 3 cabinets.
Les femmes étaient interrogées sur leur niveau de connaissance sur le suivi gynécologique, les difficultés ou appréhensions qu’elles pouvaient rencontrer ; et sur le frottis particulièrement, on leur demandait si elles savaient à quoi il servait, qui le réalisait pour elles, et si le contenu de la recommandation – un FCU tous les 3 ans entre 25 et 65 ans - leur semblait réaliste.
RÉSULTATS
-› Sur la connaissance du suivi gynécologique, les femmes interrogées percevaient généralement son intérêt préventif. Selon elles, ce suivi était parfois justifié par un symptôme ou une contraception. Il n’était envisagé plus spécifiquement à l’occasion d’un désir ou d’un suivi de grossesse.
-› La perception des enjeux du FCU était plutôt obscure. La recherche d’un cancer était une réponse souvent apportée mais sa localisation était incertaine (col, utérus, ovaires) tandis que la notion de recherche d’une infection était omniprésente.
-› Concernant le moment de réalisation du FCU, l’âge n’était pas un élément discriminant. Les femmes évoquaient plutôt la notion d’un moment de la vie déclencheur du suivi : premiers rapports sexuels, premier enfant, contraception, les femmes « à partenaires multiples », etc. La période et le rythme de réalisation du FCU étaient clairement méconnus.
-› Concernant le choix du médecin, le gynécologue était apprécié pour sa compétence et sa spécialisation, avec pour corollaire son savoir-faire et sa maîtrise de l’examen gynécologique. Rencontrer un gynécologue aurait l’avantage de séparer le suivi gynécologique du suivi médical général. Trop bien connaître le MG conduisait à une gêne pour ce suivi. A l’inverse d’autres femmes appréciaient ce sentiment de proximité et de confiance avec leur médecin traitant. La notion de médecin de famille qui connaît les antécédents personnels et familiaux les rassurait. « L’avantage c’est ce que je connais bien mon médecin généraliste, donc il n’y a pas d’appréhension du tout ».
Mais certaines femmes se dirigent vers un gynécologue pour l’unique raison que leur MG ne leur propose pas du tout de suivi gynécologique.
Quant au genre du médecin, il n’apparaît pas comme un facteur discriminant.
-› Parmi les obstacles au suivi gynécologique, les difficultés le plus souvent citées étaient la négligence, la difficulté d’accès au spécialiste, la gêne liée à l’aspect tabou de l’examen ou à la perception d’une familière avec leur MG.
-› Enfin, l’incitation au dépistage par leur médecin traitant et par des campagnes organisées était considérée comme le meilleur stimulant pour participer à ce suivi, plutôt sous forme de consultations dédiées.
CONCLUSION
Globalement mal informées, les patientes placent le MG au centre du dispositif de dépistage et si ce n’est en tant qu’acteur, au moins en tant que conseiller. Plusieurs études montrent que les femmes à convaincre sont celles qui n’ont pas de demande ou n’ont pas accès au gynécologue. Leur correspondant naturel devient, de fait, leur médecin traitant.
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