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SYNDROME DES ÉOLIENNES, LE VRAI DU FAUX

Publié le 19/05/2017
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Après l’analyse d’une soixantaine de travaux, le rapport de l’Académie de médecine sur « les nuisances sanitaires » des éoliennes terrestres conclut que celles-ci ne provoquent pas de réelle pathologie organique. Toutefois, le « syndrome de l’éolienne », qui touche 4 à 20 % des riverains, englobe un faisceau de troubles fonctionnels qui, eux, altèrent la santé si on la définit comme un « état de complet bien-être physique, mental et social », selon les critères de l’OMS. Des recommandations sont proposées pour réduire les nuisances (1).

Le rotor et les pales des éoliennes émettent des basses fréquences et des infrasons dont l’influence est encore discutée. Les troubles du sommeil sont les plaintes les plus fréquemment rapportées par les riverains. Le bruit perceptible dans un rayon de 1,5 km varie selon les conditions de vent, et les basses fréquences interfèrent avec la qualité du sommeil. Les études montrent que l’intensité reste « en-deçà de celle de la vie courante » (60 dB), mais l’aspect qualitatif est souligné avec un bruit imprévisible ou aléatoire qui peut être mal supporté. Même inaudibles, les infrasons pourraient agir sur l’oreille interne et provoquer une sorte de « mal des transports » avec des céphalées et des nausées. Ils sont néanmoins « mis hors de cause » sur la base des études existantes.

Ces constatations rejoignent celles de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail) indiquant que « l’ensemble des données expérimentales et épidémiologiques aujourd’hui disponibles ne met pas en évidence d’effets sanitaires liés à l’exposition au bruit des éoliennes, autres que la gêne liée au bruit audible » (2).

Les facteurs psychologiques ont un effet catalyseur : l’inquiétude face aux nouvelles technologies, un effet nocebo induit par la crainte de la nuisance, la sensibilité individuelle au bruit, d’autant que s’associent une hyperacousie ou une personnalité anxieuse, émotive et hypocondriaque. Des facteurs sociologiques comme être mis devant le fait accompli lors de l’installation de l’éolienne, la dévaluation du bien immobilier et l’absence d’intéressement aux retombées économiques concourent au mécontentement des riverains.

L’étude des facteurs visuels de rotation des pales élimine la possibilité d’épilepsie photosensible par le hachage de la lumière ou le clignotement des feux surmontant les éoliennes. En revanche, l’impact négatif sur le paysage fait l’objet d’un fort ressentiment et d’un stress avec des conséquences psychosomatiques négatives. Cet aspect est considéré dans le rapport comme « curieusement » peu pris en considération par les décisionnaires.

Côté propositions, le rapport préconise de limiter les nuisances sonores en bridant l’éolienne à partir d’un certain seuil d’émission. La distance minimale entre éolienne et habitat est fixée réglementairement à 500 mètres et il paraît peu réaliste de l’augmenter. Un contrôle plus systématique des niveaux sonores, une anticipation et une meilleure concertation avec le public concerné permettraient, enfin, d’apaiser les esprits.

1- Rapport sur les nuisances sanitaires des éoliennes terrestres. Patrick Tran Ba Huy, Academie de médecine, 9 mai 2017.
2- Rapport de l’Anses, 30 mars 2017.

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr