Nouvelles consultations

VACCINATION, PEU DE VRAIES CONTRE-INDICATIONS

Par
Publié le 12/01/2018
Article réservé aux abonnés
seringues

seringues
Crédit photo : phanie

Obligation vaccinale ou pas, « un professionnel de santé peut évidemment ne pas vacciner un enfant présentant un état de santé particulier », rappellent les autorités sanitaires alors que l’extension de l’obligation vaccinale vient d’entrer en vigueur. Le médecin établira alors un certificat de contre-indication « qui visera obligatoirement une vaccination et non l’ensemble des vaccins ».

En pratique, pour les vaccins pédiatriques courants, les contre-indications (CI) réelles sont « très limitées », souligne le Pr Daniel Floret (pédiatre et vice-président de la commission technique de vaccination de la HAS). Il s’agit essentiellement des allergies graves connues à l’un des composants du vaccin (ou réaction allergique grave lors d’une précédente injection du vaccin) et, pour les vaccins vivants atténués, des situations d’immunodépression, quelle qu’en soit l’origine.

► Concernant l’allergie, seules les formes sévères avec manifestation de type anaphylactique sont concernées, « ce qui est finalement très rare », nuance le Pr Floret. Par ailleurs, lorsque l’allergène en cause n’est pas l’antigène du vaccin mais un autre composant ou résidu lié à la fabrication, il peut être possible dans certains cas de contourner l’obstacle en choisissant un vaccin d’une autre marque car la composition des vaccins varie selon les fabricants. En cas d’allergie vraie à l’œuf, les vaccins contre-indiqués sont la grippe et la fièvre jaune.

► L’immunodépression contre-indique tout vaccin vivant, soit pour les vaccins pédiatriques inscrits au calendrier vaccinal, le ROR et le BCG. À noter que l’infection VIH sans immunodépression (situation habituelle avec les traitements actuels) ne contre-indique pas le ROR. « Au contraire, ce vaccin est fortement préconisé chez les enfants infectés par le VIH ». En revanche, le BCG est contre-indiqué à vie chez tout patient séropositif car « une fois vacciné, on garde le bacille à vie ; or, lorsqu’on est infecté par le VIH on est quand même susceptible d’être immunodéprimé un jour ou l’autre ».

► En cas de troubles de la coagulation avérés, l’injection IM est classiquement contre-indiquée au profit de la voie sous-cutanée, dont l’efficacité n’a pas été bien évaluée pour tous les vaccins (hormis les vaccins viraux vivants). Cependant, « beaucoup d’experts considèrent que si l’on fait le vaccin dans le deltoïde avec une petite aiguille et une compression prolongée, il n’y a pas de risque hémorragique », tempère le Pr Floret, tout en rappelant que ce site d’injection n’est pas possible chez le nourrisson.
En dehors de ces situations, aucune pathologie chronique ne justifie d’écarter une vaccination. Notamment, « les maladies auto-immunes ne sont en aucun cas une CI en soi à la vaccination. »

► À côté de ces CI générales, il existe des CI qui peuvent être propres à un seul vaccin. Ainsi, le vaccin anti-coqueluche ne doit pas être administré aux personnes ayant présenté une encéphalopathie d'origine inconnue dans les sept jours suivant l'administration d'un vaccin à valence coqueluche. Outre l’immunodépression et l’infection VIH, un eczéma étendu en poussée contre-indique le BCG, car toutes les microplaies peuvent être inoculées avec un risque de BCGite extensive.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr