Aux Rencontres de la FHP à Lyon, « consternation et colère » du secteur privé

Publié le 10/12/2012
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DE NOTRE CORRESPONDANT

LA SURVIE de l’hospitalisation privée est-elle menacée ? Ce secteur de 1 100 établissements et 8 milliards d’euros de chiffres d’affaires, qui prend en charge 8 millions de patients chaque année (et fait travailler 200 000 professionnels dont 40 000 médecins) est-il en danger ? Le gouvernement a-t-il décidé d’en finir avec les cliniques privées ? A Lyon, il suffisait d’interroger les adhérents ou responsables syndicaux réunis pour les Rencontres annuelles de la FHP, pour obtenir une réplique immédiate, mêlant scepticisme, déception, inquiétude mais aussi sentiment d’injustice et de colère.

Les pouvoirs publics (executif, majorité parlementaire) sont souvent perçus comme hostiles, décrits comme « adversaires des cliniques privées », accusés « d’avoir fait le choix idéologique de soutenir prioritairement le secteur public ». Marisol Touraine a annulé au dernier moment sa venue à Lyon. La FHP et ses syndicats de spécialités (MCO, SSR, UNCPSY) n’ont pas du tout apprécié, dénonçant un « manque de considération envers le secteur hospitalier privé ». « Un système de santé moderne et ses différents acteurs ne peuvent vivre que dans le dialogue, résume fermement Jean-Loup Durousset, président de la FHP, traduisant le sentiment général. Or de dialogue, il n’y a point ! »

Paray-le-Monial, Limoges...signaux inquiétants

Deux récentes décisions (fermeture, retrait d’autorisation d’activité) prises par les Agences régionales de santé de Bourgogne et du Limousin au détriment de cliniques ont été au centre des conversations. Avec une interrogation : l’Etat a-t-il une stratégie d’éviction du secteur privé ? « Nous avons su gérer depuis dix ans environ une centaine de projets de coopération public-privé, s’indigne le président de la FHP. Or dans ces deux cas, à Paray-le-Monial et à Limoges, nous avons l’impression qu’il s’agit de mesures injustes, voire illégales : nous utiliserons tous les recours auxquels nous autorise la législation pour les contester ».

Notre secteur est « fragile, ajoute-t-il, tributaire d’autorisations. Actuellement une vingtaine de projets sont en cours de négociation sur tout le territoire, certains traînent en longueur car il suffit parfois que l’hôpital fasse preuve de mauvaise volonté. Après un ou deux ans, l’ARS décrète que les discussions ont trop duré, elle retire une autorisation, et le tour est joué ».

Mais la mesure qui exaspère les dirigeants de la FHP, qui suscite le plus d’amertume, reste celle qui expose les cliniques, demain, à des baisses de tarifs imposées par Bercy (pour compenser l’avantage donné au secteur privé à la faveur du crédit d’impôt qui ne bénéficie pas aux hôpitaux). « Oui ou non les cliniques privées sont-elles des entreprises comme les autres ? » s’emporte Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO. « Nous assurons des emplois durables, non délocalisables, et nous sommes prêts à jouer le jeu de la croissance et du pacte de confiance en recrutant. Mais nous ne supportons pas cette discrimination, dont nous sentons bien qu’elle est parfaitement idéologique ! »

Faute d’avoir vu Marisol Touraine, la FHP et ses syndicats de spécialités ont demandé à être reçus par le Premier ministre.

 GÉRARD CLAVAY

Source : Le Quotidien du Médecin: 9203