À Toulouse, la médecine d’urgence et de catastrophe, c'est une longue histoire. Dans ce CHU qui a vu naître le Samu sous l’impulsion du Pr Louis Lareng en 1972, les urgentistes restent à la pointe de l’innovation. Le CHU est ainsi référencé depuis 2019 comme « centre de réponse à la catastrophe ». Il s’est aussi doté en novembre 2020, avec le Samu 31, d’une unité mobile de réanimation de 18 lits et vient de franchir un nouveau cap avec la construction d’un centre unique au monde. Ce bâtiment, de près de 550 m2 bourré de technologies et constitué de dix containers maritimes, a été conçu par la société Cegelec Défense Mobile, spécialisée dans l’intégration de containers modifiés. Il sera opérationnel fin 2023.
Objectif ? Reproduire les conditions environnementales, sensorielles et émotionnelles ressenties par les urgentistes sur des théâtres de catastrophe tels que des tremblements de terre, des attaques chimiques ou des attentats afin de leur permettre de s’entraîner. « Lorsque nous intervenons dans ce genre de situations, les gestes techniques ne sont pas difficiles à effectuer, ce qui est compliqué en revanche, c’est de gérer l’environnement et le stress, même pour nous, urgentistes, explique le Dr Benoît Viault, urgentiste au Samu 31 et porteur du projet pour le CHU de Toulouse. Exposer les soignants au stress, pour mieux les préparer, c’est précisément le but de ce bâtiment ».
Sensations olfactives
En effet, doté d’un dôme de 140 m2 et de 4,5 mètres de hauteur, ce bâtiment totalement immersif grâce à la projection d’images et de sons, reproduira en plus vrai que nature, des conditions climatiques difficiles (nuit, brouillard, pluie…) avec des variations de températures possibles de - 5 à + 30 °C. Les sensations olfactives (odeurs de sang, cheveux brûlés, produits chimiques…) seront aussi ressenties. Jusqu’à présent, seuls les exercices de grande ampleur, qui consomment beaucoup de temps et de ressources, permettaient aux équipes de s’entraîner de façon aussi complète. « Nous avons aussi dimensionné le bâtiment pour loger une carcasse d’hélicoptère sans le moteur ni le rotor, dans le but de former les équipes à la médecine héliportée, car en pareille situation, le bruit et les vibrations peuvent dérouter les soignants », décrit l’urgentiste.
Grâce à cet outil, financé à hauteur de 13,5 millions d’euros dans le cadre d’un appel d’offres européen, le CHU de Toulouse envisage de former ses propres équipes, mais aussi de répondre aux demandes des urgentistes de toute la France. Il a, par ailleurs, déjà été sollicité par la Société française de médecine en milieu isolé et par l’Institut de médecine et de physiologie spatiales de Toulouse. Enfin, en collaboration avec les psychiatres du CHU, l’hôpital souhaite proposer, dans cet environnement, des thérapies pour des patients victimes de stress post-traumatique.
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