Au cinéma, « Madame Hofmann », la vie d’une infirmière héroïque

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Publié le 17/04/2024

Le documentaire de Sébastien Lifshitz raconte le parcours de Sylvie Hofmann, cadre infirmière depuis 40 ans à l’hôpital Nord de Marseille. Sa vie, c’est courir. Entre les patients, sa mère, son mari et sa fille, elle consacre ses journées aux autres depuis toujours. Et si elle décidait de penser un peu à elle ? De partir à la retraite ? En a-t-elle le droit, mais surtout en a-t-elle vraiment envie ?

Sylvie Hofmann

Sylvie Hofmann
Crédit photo : Dossier de presse Ad Vitam

La vie réelle à l’hôpital ne peut être comprise que vue de l’intérieur, sans pour autant la regarder tel un entomologiste, mais avec beaucoup d’humanité. C’est le défi qu’a relevé le réalisateur Sébastien Lifshitz dans son dernier opus, « Madame Hofmann ».

Sylvie Hofmann est cadre-infirmière de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Cela fait quarante ans qu’elle y exerce. Elle court partout dans le service, se bat pour garder ses lits et ses personnels soignants face aux autres services. Elle est une directrice de soins ferme, mais toujours bienveillante. Ses personnels l’adorent.

Le don de s’occuper des autres

L’infirmière a le don de s’occuper des autres. Elle emmène sa mère de 85 ans (qui était elle-même infirmière, immigrée italienne) à l’hôpital après une énième rechute de cancer. Elle raconte comment elle a sauvé plusieurs fois sa fille enfant en la réanimant. Elle n’a pas eu une vie facile. Le réalisateur l’a rencontrée pendant la crise sanitaire. On la voit porter le masque au début, se lever tôt, se coucher tard.

Et puis tout s’emballe. Un soir elle devient sourde. Le diagnostic tombe : AVC à cause du surmenage et de la fatigue. Il va falloir ralentir le rythme. Comment faire alors que ce métier est tellement prenant ? Prendre sa retraite ? La tension tout au long du film va redescendre doucement, au fur et à mesure de la décision de Sylvie Hofmann d’arrêter les frais et de rentrer dans un processus pour se reposer enfin, elle qui a tant donné.

Empathie immédiate

L’impression du spectateur est qu’on se sent comme à la maison. L’empathie est immédiate. C’est la force du film. Chacun des personnages est diablement naturel et ne se force jamais. Dans les moments de tension à l’hôpital, alors qu’une famille désespérée veut porter plainte contre Sylvie Hofmann parce qu’elle a perdu son parent du Covid, la tension est palpable. Quand l’infirmière côtoie son mari (lui-même en préretraite et malade) qu’elle retrouve un week-end sur deux dans son refuge des Alpes, on se détend avec elle.

Ce film n’est pas seulement sensible, il touche au politique à l’heure où le travail des seniors fait régulièrement l’actualité, au même titre que les tensions dans des services hospitaliers aux conditions de travail dégradées.

Sylvie Hofmann est-elle le symbole d’une époque révolue ? Est-il encore possible de rencontrer des « Madame Hofmann » dans l’hôpital d’aujourd’hui ? Cherchez de telles perles. Et vous en trouverez sans doute encore dans votre établissement.


Source : lequotidiendumedecin.fr