Une soixantaine de manifestants ont occupé jeudi les locaux de la délégation départementale de l’ARS Bretagne à Quimper, durant plusieurs heures. Ils entendaient protester contre la fermeture nocturne des urgences de Carhaix (Finistère) dont la réouverture, 24 h sur 24, a été repoussée à une date inconnue. Raison pour laquelle 2 000 personnes avaient manifesté devant l’hôpital le 4 septembre, à l’appel de l’intersyndicale (CGT et CFDT). Un préavis de grève avait également été déposé.
Les manifestants ont empêché « toute personne, dont la directrice générale de l'ARS de sortir du bâtiment », a indiqué la préfecture, précisant qu’« aucune violence » n’était à déplorer. Des directeurs d'hôpital ont également été retenus.
Depuis plus de deux heures, une cinquantaine de manifestants, opposés à la régulation des urgences à Carhaix, retient dans une salle des locaux départementaux de l'ARS, 8 personnes de la direction de l’ARS et des hôpitaux pic.twitter.com/vczOsOeFhm
— France 3 Bretagne (@france3Bretagne) September 14, 2023
Population exaspérée
C’est une réunion organisée le matin même dans les locaux l'ARS qui a mis le feu aux poudres. Une délégation d'une dizaine de personnes était reçue pour échanger sur le maintien des urgences hospitalières la nuit à l’hôpital de Carhaix. Deux jours plus tôt, les personnels des urgences de Quimper avaient fait valoir leur droit de retrait pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil des patients, qui se seraient dégradées depuis la fermeture des urgences de Carhaix la nuit.
« On n'avait pas le même ordre du jour. Eux étaient là pour nous donner des statistiques justifiant la fermeture des urgences », justifie Matthieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance, mobilisé contre la fermeture des urgences. Et d’ajouter que « la population a voulu montrer son mécontentement en rentrant à l'intérieur », alors qu'une centaine de personnes manifestait devant l'ARS au même moment.
Pression inadmissible pour Aurélien Rousseau
Au final, les manifestants sont ressortis vers 17h30, après environ cinq heures d'occupation. « Ça tournait en rond, on ne parle pas le même langage », déplore Matthieu Guillemot qui justifie sa démarche. « En Centre-Bretagne, on a des petits salaires, on paie nos impôts comme tout le monde, on n'est pas des sous-citoyens, on a le droit d'avoir des services publics comme tout le monde. »
Le soir même, Aurélien Rousseau estimait sur X (anciennement Twitter) que la pression exercée sur des personnels des ARS était « inadmissible ». « Chaque jour, les ARS se battent pour le maintien de l’offre de soins partout en France. C’est le cœur de leur engagement », a-t-il ajouté.
Chaque jour, les ARS se battent pour le maintien de l’offre de soins partout en France. C’est le cœur de leur engagement. Il n’y a jamais ni renoncement ni choix de la facilité. La pression exercée sur des personnels des ARS en est d’autant + inadmissible. https://t.co/wLUtyvHVsY
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) September 14, 2023
Menaces
De son côté, le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS) considère qu’« aucune colère ne justifie la rétention de professionnels engagés pour le service public ». Celui-ci s’oppose « fermement » à ce type d'actions « violentes et purement médiatiques dont il ne faut attendre aucun résultat tangible pour le service public hospitalier ».
Pour le syndicat de cadres hospitaliers, ces actions s'inscrivent dans la continuité « d’actes de violences contre tous les dépositaires de l’autorité publique ». Selon lui, nombreux seraient les directeurs d’établissements hospitaliers, sanitaires, sociaux ou médico-sociaux, les manageurs de santé, mais aussi les élus ou les représentants de l’État, qui seraient « menacés ». Qu’il s’agisse d’appels à la démission, de menaces de poursuites judiciaires, de menaces d’agressions ou de menaces de mort.
80 militants investissent le siège de l’AP-HP
Le climat social et sanitaire est « très tendu », ajoute le SMPS. Coïncidence, une autre action syndicale virulente a eu lieu, cette fois en région parisienne. Jeudi matin, 80 militants CGT et FO ont investi le comité social d’établissement central de l’AP-HP, dans le nouveau siège de l’Hôpital Saint Antoine. Les syndicats avancent que le directeur général du CHU francilien, Nicolas Revel, avait prévu de « faire passer à la hussarde un règlement intérieur de l’instance centrale revenant 40 ans en arrière sur les droits et les prérogatives des représentants du personnel et restreignant les libertés syndicales ».
Les militants ont investi le siège pour « porter haut et fort » leurs revendications face à la « déréglementation du temps de travail, au sous-effectif organisé par la direction, aux atteintes aux droits sociaux, à la répression disciplinaire dans les services, aux entraves aux libertés syndicales, aux paies qui ne permettent plus de vivre ».
Les syndicats dénoncent de leur côté « la violence sociale de la politique du pouvoir contre les hospitaliers et la population » et une « mascarade » de dialogue social à l’AP-HP. L’USAP CGT exige un plan d’embauche « massif et immédiat », la titularisation des 8 000 contractuels, l’amélioration des conditions de travail et l’augmentation des rémunérations.
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