Adhérer, une nécessité pour peser ?

La CSMF tiraillée par la tentation de la convention

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Publié le 11/09/2017
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Crédit photo : DR

La 23e université d’été de la CSMF, qui s’est tenue ce week-end à Giens (Var), a constitué un moment fort de prospective et d’introspection dans un contexte marqué par l'incertitude (nouvelle politique de santé, mutations de l'offre de soins et de l'exercice).  

Pendant trois jours, quelque 150 cadres du premier syndicat médical ont planché sur l’avenir de la médecine libérale, son organisation dans les territoires, la nécessaire coordination ville/hôpital ou l'évolution des rémunérations.

Mais ils ont aussi beaucoup discuté de stratégie au regard de la nouvelle donne politique et du jeu conventionnel marqué par l'absence de la CSMF. Lors de son discours d'ouverture, le Dr Jean-Paul Ortiz, président du syndicat non-signataire de la convention, a réaffirmé que les conditions d’une adhésion n’étaient pas réunies à ce jour… Il a réclamé à nouveau la suppression de tout caractère obligatoire du tiers payant, le retrait de l'article 99 de la loi Sécu qui permet à la CNAM de baisser les tarifs des radiologues mais aussi des moyens pour financer des actes libéraux innovants dans le prochain budget de la Sécurité sociale.

Pourtant, en coulisses, certains cadres – majoritairement généralistes – souhaitent que la Conf' tourne la page et rejoigne sans tarder la convention pour peser davantage sur les choix décisifs. Ce sujet avait déjà été au cœur d’intenses tractations à l’été 2016. La branche généraliste du syndicat était alors favorable à la signature de l’accord tandis que les spécialistes y étaient opposés. Ces derniers avaient emporté la décision.

Difficile de défendre les confrères

« Tout le monde se rend compte qu’on a fait une connerie en ne signant pas l’an dernier alors que jamais autant d’argent n’avait été mis sur la table ! », confie un membre du syndicat. Selon ce médecin, la décision a été lourde de conséquences, entraînant une baisse du nombre de généralistes cotisants et compliquant le travail sur le terrain. « Les commissions paritaires locales et régionales tournent sans nous et il est difficile de défendre les confrères dans ces conditions. » La signature de la convention deviendrait une « nécessité économique », selon un autre praticien. « Il faudra trouver le moment idéal pour entrer au chausse-pied dans la convention », suggère-t-il.

Interrogés sur ce sujet de l'adhésion, les présidents des branches généraliste et spécialiste ne répondent pas directement. « La période qui s'ouvre est passionnante, affirme toutefois le Dr Luc Duquesnel, chef de file des Généralistes-CSMF, car nous allons devoir réfléchir à une nouvelle organisation territoriale avec de nouveaux modes de rémunération. » Le patron de l'Union des médecins spécialistes confédérés (UMESPE) se place en position d'acteur constructif. « J'attends des propositions concrètes pour faire évoluer la convention. Nous sommes prêts à nous investir, nous l'avons dit à la ministre de la Santé et au patron de l'assurance-maladie, Nicolas Revel », explique le Dr Patrick Gasser, déjà disposé à travailler sur la pertinence des actes et même sur la rémunération à l'épisode de soins, à condition que les pouvoirs publics cessent leur « politique du rabot »

Cette réflexion stratégique est menée par la CSMF alors que l’autre syndicat non-signataire, le SML, décidera en fin de semaine, lors de son congrès à Paris, s'il adhère ou pas à la convention. Président du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), le Dr Claude Cohen résume : « Se raccrocher au SML serait délicat mais rester seul non-signataire ne serait pas simple non plus ». 

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du médecin: 9600