À l’hôpital, une soignante sur deux juge qu’être enceinte a pénalisé sa carrière

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Publié le 11/03/2024

Santé, conditions de travail, grossesse : les soignantes – médecins comprises – sont moins bien loties que l’ensemble des Françaises, révèle un sondage MNH/Odoxa.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les agents de la fonction publique hospitalière sont à 80 % des femmes. C’est en partant de ce constat que la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH*) a réalisé avec Odoxa une étude sur la santé des soignantes à l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars. Premier enseignement : les soignantes de l’hôpital public se déclarent à 74 % en bonne santé, ce qui reste 11 points de moins que les Françaises interrogées. Au cours des deux derniers mois, près de deux tiers (62 %) des hospitalières ont connu un problème de santé, contre seulement 39 % des femmes dans leur ensemble.

Incivilités et agressions au travail

Le ressenti général sur le métier est préoccupant. Si trois quarts des femmes sont satisfaites de leur travail, ce n’est le cas que de la moitié (51 %) des soignantes, qui ont également davantage de difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle (61 %, soit dix points de moins que les Françaises en général).

Les difficiles conditions de travail à l’hôpital sont très fortement vécues par les agents. 80 % d’entre elles ressentent du stress (versus 51 % des Françaises) et 73 % déplorent une pénibilité physique importante (vs 43 %) ; 27 % travaillent souvent plus de 12 heures d’affilée (vs. 17 %). Autre différence marquante : trois quarts des hospitalières (74 %) disent subir des incivilités ou de l’agressivité au travail (versus 29 % en population générale).

Des hôpitaux proactifs

L’enquête met en lumière des chiffres forts sur la manière dont les soignantes vivent la grossesse au travail. 73 % de celles qui ont été enceintes dans le cadre de leur fonction estiment que cela a rendu difficile le fait de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. En dehors de l’hôpital, elles ne sont que 48 %. Une hospitalière enceinte sur deux (55 %) s’est aussi sentie pénalisée dans l’évolution de sa carrière. Pire, 42 % estiment que le fait d’être enceinte est mal perçu par leur employeur, l’hôpital public.

Conscients du problème, certains établissements ont pris le sujet à bras-le-corps. Béziers a mis en place un accompagnement personnalisé pour les agentes enceintes et faciliter leur quotidien : aménagement de poste, place de parking réservée, tenue professionnelle adaptée, etc. Perpignan propose une crèche hospitalière. Et Clermont-Ferrand a fait le choix de rénover une salle d’allaitement avec la présence régulière d’une consultante en lactation.

Bon point sur le dépistage

Seul point positif : les soignantes ont davantage conscience que les Françaises de l’intérêt de la prévention et du dépistage (à moins que ce ne soit une question d’accès aux soins). Elles sont deux tiers (64 %) à réaliser au moins une fois tous les deux ans un frottis du col de l’utérus et une mammographie. Pour la population féminine générale, ce pourcentage tombe à 48 % et 44 % sur ces deux actes.

*Enquête Odoxa pour la MNH (groupe actionnaire du Quotidien) et Le Figaro Santé, avec le concours scientifique de la Chaire Santé de Sciences Po, auprès de 1 004 Français(e) s et 927 professionnel(le) s de santé, dont des médecins


Source : lequotidiendumedecin.fr