David Gruson, délégué général de la FHF

« Une situation d'urgence sanitaire nationale »

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Publié le 04/07/2016
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LE QUOTIDIEN : Quel regard portez-vous sur la situation à Mayotte ?

DAVID GRUSON : Je connais bien ce département pour avoir été directeur général du CHU de la Réunion de 2012 à fin 2015. Depuis plusieurs mois, nous suivons de très près la situation locale. Mayotte est dans une situation d'urgence sanitaire nationale qui requiert une réponse exceptionnelle de la part des pouvoirs publics et de l'agence régionale de santé (ARS) Océan Indien. La progression continue des évacuations sanitaires réclame la mobilisation prioritaire du réseau hospitalier national pour consolider le travail de notre bureau régional. C'est la raison pour laquelle une délégation de la FHF se rendra sur place dans les prochaines semaines. C'est un signe de solidarité mais aussi un moyen de faire appel à la réflexion commune afin de trouver des solutions au plus vite.

Le CHU de la Réunion mise sur les assistants partagés pour combattre la pénurie médicale. S'agit-il d'une bonne réponse ?

Il faut valoriser les engagements les plus durables possible des professionnels de santé mais toutes les pistes doivent être considérées. Symboliques de la solidarité hospitalière, les assistants partagés entre les deux établissements montent en charge année après année. Ce principe est selon moi précurseur des équipes de territoires mises en place dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT). Dans l'Océan Indien, le futur GHT est un prolongement naturel des partenariats existants. C'est un dispositif qui ne peut être que positif pour les professionnels de santé.

L'obstétrique et la pédiatrie sont des spécialités particulièrement en tension. Les médecins s'alarment des délais de prise en charge. Que propose la FHF ?

Les praticiens hospitaliers sont confrontés à des injonctions paradoxales difficiles à gérer au quotidien. Par devoir et par engagement, ils doivent apporter une réponse aux besoins sanitaires de la population. Mais ils exercent aussi dans un cadre délimité par des objectifs de politique publique stricts de lutte contre l'immigration irrégulière.

Dans ce contexte, je crois qu'un levier technique peut se démarquer des autres : la télémédecine. Nous avons sollicité le Dr Pierre Simon, ancien président de la Société française de télémédecine, pour nous apporter son expertise, d'autant plus intéressante qu'il connaît bien l'Océan Indien. La télémédecine a un double intérêt : c'est une réponse qui prend en compte les contraintes locales, à moindre coût.

L'idée serait de mener une expérimentation locale efficace et de parvenir à déverrouiller un modèle économique précis à présenter au prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, débattu au Parlement à l'automne.

Propos recueillis par Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9510