Médecins et établissements cogitent sur le parcours patient

Coordination ville/hôpital : quels outils dans les territoires ?

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Publié le 14/01/2019
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Crédit photo : PHANIE

Comment réconcilier la ville et l'hôpital sur les territoires au bénéfice du patient ? C'est la question qui a animé le dernier colloque national dédié aux décideurs hospitaliers, en janvier à Paris. 

Pour Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), l'avenir est dans la « responsabilité populationnelle »

Grande marotte de la FHF qui l'expérimente depuis le mois de septembre sur cinq territoires (les Deux-Sèvres, la Cornouaille, le Douaisis, la Haute-Saône et l’Aube) via l'article 51 du budget de la Sécurité sociale 2017 (qui finance à titre dérogatoire l'innovation organisationnelle), la responsabilité populationnelle consiste en une approche horizontale des soins, où libéraux, hospitaliers, services publics et associations travaillent ensemble sur un territoire et une population donnés. Le mot d'ordre est clair : « le bon soin, au bon endroit et au meilleur coût ».

Pour le reste, l'ex-directrice du groupe hospitalier du Havre préconise l'adaptabilité en fonction des besoins. Pour elle, il paraît impossible de calquer le même mode de gouvernance partout sur le territoire. « Ce qui compte avant tout, c'est le projet de santé et la coordination », affirme-t-elle, évoquant l'association étroite entre communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS, lire ci-dessus) et groupements hospitaliers de territoire (GHT), les conventions avec les médecins libéraux et l'implication des collectivités locales comme pistes intéressantes. 

Pour le Dr Pascal Gendry, président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS), le véritable décloisonnement passe par la redéfinition du périmètre des missions des professionnels. Le pôle de santé dans lequel il travaille, situé à l'intérieur des locaux de l'hôpital de proximité de Renazé (Mayenne), expérimente le concept de « professionnels de santé de territoire » amenés à travailler aussi bien en ville qu'à l'hôpital. Un principe de responsabilité territoriale que le généraliste mayennais envisage même « pourquoi pas au-delà des hôpitaux de proximité ».

Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Le projet pourrait séduire Rodolphe Bourret, directeur général du centre hospitalier de Valenciennes (Nord), à condition d'inciter les différents acteurs à se coordonner. À la tête de la structure pilote du GHT, le nordiste a pourtant essayé, sans succès. « Il y a très peu de jeu collectif, on se heurte toujours aux desiderata de chaque établissement », se désespère-t-il.

Selon lui, il manque encore une réelle « stratégie de pilotage » à l'échelle des territoires pour permettre une coordination efficace entre tous les acteurs, privés comme publics. Prenant l'exemple de la gestion des flux aériens, le Valenciennois s'est laissé aller à une métaphore parlante : « Pour faire décoller ou atterrir un avion, les tours de contrôle ne regardent pas s’il appartient à une compagnie publique ou si c'est un jet privé, elle ne fait que réguler le trafic. C'est ce qui nous manque sur les territoires. »

À cette inquiétude, l'avenue de Ségur répond par l'incitation à l'innovation. « Il ne faut pas attendre que ça vienne des bureaux du ministère », serine Clémence Mainpin. La spécialiste des GHT au ministère de la Santé se refuse à l'idée d'imposer d'en haut un nouvel outil de coordination aux acteurs locaux. À l’inverse, elle les invite à recourir aux innovations permises par l'article 51 pour trouver eux-mêmes le mode d'organisation qui leur convient le mieux. « Partageons l'initiative, partageons le pouvoir », clame-t-elle comme un slogan.

 

 

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin: 9715