Besoin d'un anesthésiste pour les trois prochains jours ? D'un généraliste pour deux semaines à Mamoudzou à Mayotte ou d'un agent d'accueil dans les services Covid + ?
Pour épauler les équipes de soins dans la lutte contre le Covid-19, les agences régionales de santé (ARS) ont noué des partenariats avec plusieurs sociétés de remplacement et créer les sites renfortscovid.fr et faceaucovid.fr afin d'embaucher rapidement des soignants pour des missions ponctuelles. Un gain de temps pour les établissements.
Ces recrutements ont été réalisés à l'échelle régionale. Dès le 20 mars, l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France a ouvert le bal et missionné la plateforme de remplacement medGo pour permettre les affectations de praticiens et paramédicaux dans les CHU, EHPAD et cliniques via le site renfort-covid.fr. Les établissements y précisent les postes à pourvoir. En parallèle, medGo alerte via une notification sur smartphone les professionnels inscrits sur site. « Les candidats reçoivent un message si leur profil et leur disponibilité correspondent à la mission. Ils postulent et sont rappelés par l'établissement », explique au « Quotidien » Antoine Loron, cofondateur de medGo.
En tout, 10 régions utilisent ce site d'urgence. Depuis l'activation du dispositif, 61 900 volontaires s'y sont inscrits, dont 18 % d'aides-soignants, 17,5 % d'infirmiers et 8 % de médecins. « Ce sont des libéraux dont l'activité a chuté, des médecins exerçant à la base dans des sociétés pharmaceutiques ou des médecins hospitaliers dont l'activité est moins importante », précise Antoine Loron.
Entre le 23 mars et le 19 mai, 49 000 renforts ont été validés par les 5 900 établissements utilisateurs du dispositif, principalement en réanimation, soins intensifs et gériatrie. 46 % de ces renforts concernent des infirmiers, 37 % d'aides-soignants et 3 % de médecins. En Ile-de-France, particulièrement touchée par l'épidémie, 36 000 renforts ont été validés par les hôpitaux.
Sur le même modèle, l'ARS Provence-Alpes-Côte d'Azur a mis sur pied début avril avec la société Whoog, également spécialisée dans le remplacement de soignants, la plateforme faceaucovid.fr, offrant à tous les établissements de soins de cette région un pool de volontaires (médecins, infirmiers, aides-soignants). 504 soignants s'y sont inscrits et 47 missions de quelques jours à plusieurs semaines, principalement dans les services de réanimation, ont été réalisées.
Mulhouse, Compiègne et Perpignan épaulés
À l'échelle nationale, la plateforme Medelse, une société spécialisée elle aussi dans le recrutement, a proposé gratuitement aux établissements publics ou privés de les mettre en relation avec 30 000 praticiens et paramédicaux. 2 880 professionnels dont 35 % de médecins ont prêté main-forte à des services de réanimation, de gériatrie ou d'urgences pour des missions à la journée ou sur deux jours depuis fin mars.
En dehors des sites de recrutement, la réserve sanitaire a été mobilisée à la demande des ARS. Santé publique France a pour mission de recenser les dossiers et d'envoyer les alertes aux réservistes. Selon les derniers chiffres, 7 600 médecins (dont 3 200 généralistes, réanimateurs et urgentistes) sont inscrits. En tout, 1 500 réservistes ont été mobilisés sur des missions liées aux Covid-19 depuis fin janvier, dont 200 praticiens, venus renforcer les services de réanimation du centre hospitalier de Mulhouse, de Compiègne et de Perpignan. D'autres sont partis en mission à Mayotte et d'autres encore ont réalisé un accompagnement médical dans les trois centres d’hébergement mis en place pour les ressortissants revenus de Chine.
Néanmoins, depuis mi-mai, les demandes de recrutement en lien avec le Covid-19 s'affaissent et d'autres spécialités comme l'ophtalmologie, la dermatologie et les soins dentaires sont de plus en plus demandés. Les sites renfort-covid.fr et faceaucovid.fr restent cependant toujours actifs en cas de seconde vague épidémique.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique