Est-ce la volonté assumée du maire d'Orléans d'implanter dans sa commune une antenne d'une faculté de médecine privée croate qui a précipité les choses ? La volonté de Matignon d'adresser un signal fort de l'Etat aux élus locaux sur les déserts médicaux, en toute fin de quinquennat ? La coïncidence est troublante : le Premier ministre a en tout cas présenté mardi aux élus de la région Centre-Val de Loire un « plan d'action » aux petits oignons comprenant… l'universitarisation du CHR d'Orléans (et donc d'une prochaine faculté de médecine sur ce site dont il faudra préciser les modalités).
Au micro de France Bleu, Jean Castex a convenu que la création d'une faculté de médecine à Orléans était « un vieux sujet et une revendication ancienne ». « Si on peut y répondre favorablement aujourd'hui, c'est en raison des décisions qui ont été prises sous ce quinquennat en matière de numerus clausus, que nous avons fait singulièrement évoluer, a expliqué le premier ministre. Cela nous permet de créer un site universitaire à Orléans pour enseigner la médecine ».
Première année en visioconférence
Reste à savoir sous quelle forme. Nouvelle faculté en tant que telle ? Antenne de la fac de médecine de Tours ? Le chef du gouvernement va saisir dans les prochains jours l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche pour « définir les voies de la reconnaissance d’un deuxième site de formation universitaire médicale en région Centre Val-de-Loire ». Les conclusions sont attendues fin mars, signe que l'exécutif veut boucler ce dossier avant les élections.
En attendant, pour contrer la proposition du maire d'Orléans de recourir à l'Université de Zagreb pour créer une antenne privée de médecine, solution jugée « incohérente » par un collectif de doyens dans une tribune au « Monde » publiée ce mercredi, la nouvelle filière de première année Pass – parcours d'accès spécifique santé – pourra être suivie sur le site d'Orléans par visioconférence dès la prochaine rentrée universitaire, a promis Jean Castex.
En outre, les capacités de formation dans la région seront augmentées car le quota de 300 étudiants en médecine est jugé trop faible, d'autant que les trois quarts des diplômés partent ensuite exercer ailleurs. Le nombre d’étudiants admis en 2e année de médecine sera donc porté à 350 dès cette année et le nombre d’internes sera fixé à 300 en 2022 et 350 en 2023.
Premier désert médical de France
La région Centre-Val de Loire est aujourd'hui le plus grand désert médical de France : la densité y est de 350 médecins pour 100 000 habitants, la plus faible de l'Hexagone. En médecine générale, on compte à peine 98 praticiens pour 100 000 habitants dont un tiers de plus de 60 ans. Conséquence : 500 000 patients n'ont pu déclarer de médecin traitant, soit 20 % des habitants de Dreux, Montargis ou Orléans.
Un second train de mesures urgentes concerne le « renforcement immédiat de l’offre de soins dans les territoires de la région » : expérimentation d’un accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes, renforcement des hôpitaux de proximité, augmentation du nombre d’infirmiers formés de près de 25 % ou doublement du nombre d’infirmiers en pratique avancée (IPA) formés.
Des annonces saluées par la députée de la majorité du Loiret, la Dr Stéphanie Rist, médecin rhumatologue au CHR d'Orléans qui se réjouit de la création de fait d'un prochain CHU à Orléans.
??? En cette dernière semaine à l’@AssembleeNat j’ai tenu à vous adresser un message et revenir sur l’annonce d’un #CHU à #Orleans et d’une antenne de Faculté de Médecine ⤵️ pic.twitter.com/zHJM7slkir
— Stéphanie Rist (@stephanie_rist) February 22, 2022
?HISTORIQUE
— Stéphanie Rist (@stephanie_rist) February 22, 2022
En réunion à Matignon @JeanCASTEX nous annonce la création d'un #CHU à #Orléans & d'une antenne de Faculté de Médecine
➡️ + 200 étudiants en médecine à Orléans
⚠️Le train est en marche & je m'assurerai qu'il ne reste pas à quai ! ⤵️ pic.twitter.com/4cI9GJDuLb
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