Montpellier (34)
Dr Marc Egoumenides
À écouter la Mutualité, le CISS, les partis politiques d’opposition et autres Cassandres, notre système de santé est sinistré.
Déserts médicaux, reports de soins, files d’attente pour spécialistes, dépassements d’honoraires insupportables… n’en jetez plus, la coupe est pleine !
Pour la majorité des médecins, ces lamentations sont non fondées et ont de forts relents démagogiques.
Pour preuve… s’il en fallait une :
La semaine dernière, une jeune femme de 36 ans, d’un quartier dit défavorisé, traitée pour HTA, fumeuse, a ressenti en fin d’après-midi des douleurs vagues non persistantes à l’épaule et à la poitrine.
Sa sœur (qui travaille à mes côtés) lui conseille de voir son médecin traitant, ce qu’elle fait. La consœur suspecte un problème cardiaque et l’envoie aux urgences pour bilan.
À 20 heures, un ECG est fait et montre des signes d’infarctus.
Elle est immédiatement transférée aux urgences cardio-vasculaires pour coronarographie. Le jeune cardiologue de garde désobstrue l’artère coronaire et pose un stent sous anesthésie locale.
À 22 h 30, la patiente est sauvée, installée dans sa chambre et nous discutons tous ensemble, heureux, en compagnie du cardiologue.
« Chapeau bas », et merci au système de soins libéral et hospitalier français.
Dispositifs médicaux : Nora Berra a raison, mais…
Paris (75)
Pr Claude Huriet*
« Le Quotidien » a publié le 6 février un entretien avec la secrétaire d’État à la Santé intitulé « Revoir tout le système de vigilance », et portant principalement sur les dispositifs médicaux.
Trois propositions de la secrétaire d’État ont retenu mon attention et suscitent de ma part quelques réserves et quelques observations que j’avais d’ailleurs formulées dans ma « Tribune libre » du 30 janvier.
• Les inspections et les contrôles plus réguliers « dans les lieux de fabrication et dans les établissements de santé » n’auront aucune utilité s’ils ont pour objet « de vérifier systématiquement la conformité des procédures de fabrication ». Faut-il répéter que l’on peut « bien fabriquer » (et obtenir le marquage CE) des dispositifs dont la sécurité n’est pas assurée.
• La liste des dispositifs médicaux à risque que l’AFSSAPS devra établir d’ici mars 2012 (!) existe de longue date au niveau européen. Sans doute faut-il réviser périodiquement les quatre catégories définies par les directives européennes de 1990 et 993, particulièrement celles des dispositifs implantables de la classe III, mais on ne part pas de rien.
• Quand aux organismes notifiés, il aura fallu plus de 10 ans pour que les instances européennes, alertées par le Sénat français, se préoccupent d’apporter une réponse à la suggestion de Nora Berra de les évaluer à partir d’un cahier des charges qui aura – peut-être – pour effet de mettre un terme à la concurrence « par le bas », de la soixantaine d’organismes (il n’en existe heureusement qu’un en France) au détriment de la sécurité des dispositifs, et d’en harmoniser les pratiques.
En attendant, nul ne peut nier que « les dispositifs médicaux sont les parents pauvres de la sécurité sanitaire ».
* Sénateur honoraire
Il est des diagnostics qui tuent…
Plouescat (29)
Dr Antoine Solignac
Il est des diagnostics qui tuent, mon pauvre patient vient d’en faire définitivement les frais, lui qui a un jour déliré après ma prescription malencontreuse d’anticholinergique pour ses mictions impérieuses…
À l’hôpital, nos superbes et non moins doctes gériatres ont décrété tout aussi impérieusement qu’il était atteint d’une maladie à corps de Lewy.
Prescription très magistrale d’un médicament en « on », contraction de « exit de la maison » et de « ça n’a pas été long », placement d’urgence en institution, et ron et ron petit patapon, car dans cette histoire, toutes les rimes sont en « on »…
Pas grave me direz-vous ?
Mon pauvre patient bien plus tard s’est mis à cracher du sang. Une première fois, hôpital, retour illico sous antibiotiques…
Ce pauvre homme, qui allait certes mieux, marchait bon train, discutait sans problème avec moi, et n’hallucinait pas (grâce au médicament en « on », diront nos spécialistes gériatres), a recraché du sang…
Aller ambulance hôpital, retour antibiotique, pas de bilan d’embolie pulmonaire – à quoi ça sert, puisqu’il est vieux et prend de l’…on ?
Dernier acte avant-hier à 4 heures du matin, dyspnée aiguë, désaturation majeure, et pas de médecin de garde puisque mes confrères assurent qu’ils n’ont pas besoin d’être là la nuit (probablement parce qu’ils sont particulièrement efficaces le jour). Appel de la régulation du SAMU, et l’infirmerie de nuit sort le mot qui tue… Démence à corps de Lewy !
Laissons le décéder, décida le régulateur, à son corps défendant, sans être de Lewy, c’était son avis.
Paul a donc étouffé dans son lit, jusqu’au petit matin. Quand la démence ambiante sévit…
ASV : lettre ouverte au Dr Kiensler
Montbéliard (25)
Dr François Carbillet
Mon cher confrère,
La présente pour vous féliciter de votre article paru dans « le Quotidien » du 31 janvier 2011, avec lequel je suis entièrement d’accord. Je pense qu’aucune autre profession n’accepterait ce qui se passe pour l’ASV !
Nos syndicats, à l’origine de ce rgime dans les années 70, croyaient que ce maigre avantage retraite, en contrepartie de « négociations » sur les honoraires (vite transformées en « blocage des honoraires ») engageait la parole de nos « partenaires sociaux », quelle naïveté de leur part ! Ils ont même « oublié », à l’époque, de faire inscrire une indexation minimale automatique en fonction de l’augmentation perpétuelle prévisible des charges.
Installé depuis 1974 et ancien délégué CARMF, je n’ai réalisé que tardivement où nous emmenait le système conventionnel : sous couvert d’accès aux soins les meilleurs pour tous, nos représentants (souvent les mêmes pendant des années et des années) nous ont fait avaler toutes les couleuvres. En particulier, l’absence de revalorisation des honoraires qui a entraîné, pour compenser, une « course à l’acte » et l’instauration du secteur II à honoraires libres, vite montrées du doigt par ceux-là mêmes qui en étaient à l’origine.
Le résultat de tout cela est la nouvelle convention, signée par tous nos syndicats représentatifs, une vraie usine à gaz qui va encore plus décourager l’accès à notre belle profession : le piège contre la médecine libérale se referme de plus en plus ! Il y a une volonté « politique » bien cachée depuis des années, avec la complicité plus ou moins consciente de nos représentants, qui arrive à ses fins !
Dans le même ordre d’idées, je profite de ce courrier pour vous signaler que les retraités qui continuent leur activité cotisent toujours à la CARMF sans le moindre supplément de retraite. Pour moi, qui suis dans ce cas, cela représente plus de 1 500 euros par an sans aucune contrepartie ! C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle de nombreux confrères préfèrent s’arrêter, alors que nous manquons cruellement de médecins. À part le Dr Maudrux qui, je crois, a essayé vainement de supprimer ces cotisations indues, qui en parle : nos syndicats, nos élus ?
Avec mes salutations confraternelles les plus cordiales.
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