Dr Pelloux  : « Trois quarts des services en difficulté »

Publié le 14/03/2013
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Crédit photo : S TOUBON

LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – Grenoble, Strasbourg, Roubaix… Depuis le début de l’année, vous vous êtes rendus au chevet de nombreuses structures d’urgences hospitalières. Quel mal ronge ces services ?

DR PATRICK PELLOUX – Celui qui dégrade l’hôpital depuis une décennie : le dogmatisme économique de l’hôpital-entreprise. En privilégiant le soin programmé et en prônant dans le même temps une politique de restrictions budgétaires, le précédent gouvernement a coulé l’hôpital public et les urgences avec. Aujourd’hui, trois-quarts des 900 services d’urgences sont en souffrance. En 2006, j’en dénombrais 50. Les démissions augmentent au même rythme que les burn-out de médecins. Partout, on manque d’effectifs. À Paris, pour contenir l’afflux de patients, les urgentistes favorisent ceux de leur arrondissement : cela n’a rien de glorieux, mais ils essayent de s’en sortir comme ils peuvent. La situation est telle que même les CHU (Rennes, Bordeaux) ont du mal à recruter.

Que faire pour rendre plus attractif le métier de médecin urgentiste ?

Il faut passer aux 39 heures hebdomadaires. Le recrutement d’assistantes sociales pour mieux prendre en charge les patients « difficiles » pourrait aussi être bénéfique aux médecins. Surtout, nous souhaitons une meilleure gestion des lits d’aval. Et puis, il faut que cesse cette compétition universitaire entre médecine générale et urgence, qui n’encourage pas les internes à passer leur diplôme complémentaire (DESC) !

Voici de vraies solutions, contrairement au recrutement de médecins intérimaires au coup par coup qui, pour une journée en week-end, coûte tout de même 1 500 euros à l’établissement.

Marisol Touraine a demandé un « diagnostic des ressources humaines médicales des services d’urgence » aux agences régionales de santé (ARS) et un « plan d’action » au Conseil national des urgences hospitalières (CNUH). Qu’en pensez-vous ?

Nous allons dans le bon sens en privilégiant l’approche régionale. Avec le SAMU-Urgences de France, l’AMUF souhaite accompagner d’ici la fin du mois ce diagnostic local d’une conférence sociale nationale pour examiner le décompte du temps de travail, l’évolution des carrières et la qualité de vie au travail des urgentistes. Quant au CNUH, l’intention est peut-être bonne, mais la méthode de travail, inchangée depuis des années, reste inefficace.

PROPOS RECUEILLIS PAR A. B-.I.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9226