Dr Yves Rébufat (SNPHAR-E) : « La pénurie est globale »

Publié le 15/09/2014
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Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN : le rapport du député PS Olivier Véran sur l’intérim médical a-t-il créé un déclic ?

Dr YVES RÉBUFAT : Ce rapport a permis une prise de conscience globale, mais il ne s’est pas passé grand-chose depuis. La loi de santé va encadrer l’intérim médical. C’est prendre le problème par le petit bout de la lorgnette. Notre préoccupation, c’est comment faire pour que les collègues ne quittent pas l’hôpital public, et ne fuient pas vers l’intérim, très attractif. On en arrive à des situations aberrantes : des collègues se mettent en disponibilité pour travailler, payés à prix d’or, dans de petites structures sous perfusion. Certains CHU ont maintenant 20 voire 40 postes vacants. Du jamais vu.

La pénurie se creuse-t-elle encore ?

De nombreux hôpitaux ne signalent pas tous leurs postes vacants, pour ne pas repousser les candidats. Les chiffres officiels sont donc biaisés. Aujourd’hui, la pénurie est globale. Certains établissements, comme le CHU de Caen, l’un des plus touchés, ont recruté des cliniciens. Des PH font du chantage et ce type de contrat est parfois le seul moyen de les garder. Le clinicien [un statut médical créé par la loi HPST, NDLR] est un échec. Ça démoralise les gens en poste d’exercer aux côtés d’un médecin payé deux fois plus qu’eux. Il est urgent que le ministère agisse.

Que demandez-vous ? Un bonus financier dans votre spécialité ? La fin du statut unique de PH ?

Il faut d’abord regrouper les plateaux techniques, en fermer certains. Même si transformer des hôpitaux n’est pas toujours du goût des élus et de ceux qui y travaillent. Il faut aussi revaloriser la permanence des soins, très sous payée. Une garde de nuit, c’est 264 euros brut, si loin du tarif des intérimaires. La grille salariale des PH doit progresser, surtout pour les jeunes, que les cliniques recrutent à 10 000 euros. Oui, il faut réviser le statut de PH pour les spécialités en difficulté (radiologie, gynécologie obstétrique, anesthésie réanimation...). On avait accordé une part variable aux chirurgiens qui menaçaient de partir en Angleterre. Pourquoi rien pour nous ? Enfin, il faut revoir le temps de travail. Ces sujets seront débattus par la future instance nationale représentative des PH, que va créer la loi de santé. Sans doute pas avant fin 2015, alors qu’on est au fond du trou. Le pacte de confiance, c’était il y a deux ans. C’est maintenant qu’il faut agir.

Propos recueillis par D. Ch.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9348