Un chirurgien jugé pour avoir diffusé une radiographie du bras d'une rescapée du Bataclan sur un site de NFT (donnée valorisée composée d'un jeton cryptographique) a reconnu mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris « une faute morale », mais « pas professionnelle ».
Le Pr Emmanuel Masmejean, chirurgien orthopédiste réputé à l'Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris (AP-HP), est poursuivi pour violation du secret médical, détournement de la finalité d'un traitement de données à caractère personnel et divulgation illégale volontaire de données à caractère personnel nuisibles.
Il lui est reproché d'avoir publié sur un site de vente d'objets numériques NFT une photo de la radio d'une femme blessée au Bataclan lors des attentats du 13 novembre 2015. On y voit un avant-bras transpercé par une balle de Kalachnikov.
Moment extrêmement douloureux
Le chirurgien avait accompagné le cliché d'un commentaire indiquant que « cette jeune patiente » avait « perdu son petit ami dans cette attaque », soit « des éléments de vie privée de la patiente », a relevé la présidente du tribunal. Son procès s'est ouvert mercredi et a été renvoyé en continuation au 28 septembre après trois heures de débats animés.
« L'histoire de cette radio, qui dormait dans mon armoire depuis six ans, c'est un moment extrêmement douloureux, physiquement et psychologiquement ensuite », a raconté la rescapée, qui souhaite rester anonyme, ajoutant qu'elle avait depuis dû reprendre « anxiolytiques et séances de thérapie ». « J'allais enfin mieux et à ce moment-là ressurgit cette radio », a-t-elle déploré à la barre, en s'interrogeant sur l'intention de son chirurgien.
Erreur et maladresse
Le médecin, qui lui a réitéré ses excuses, a motivé son geste par la volonté de faire « une expérimentation », en l’occurrence publier un cliché médical « marquant et historique » sur une blockchain. « J'ai fait une erreur, une maladresse, mais à mon sens pas de faute professionnelle. Il n'y a aucun aspect mercantile », s'est défendu Emmanuel Masmejean, qui a concédé « une faute morale » pour ne pas avoir sollicité l'autorisation de la rescapée.
Le cliché, estimé à 2 776 dollars sur le site, a été publié en septembre 2021, alors que s'ouvrait le procès des attentats jihadistes qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.
Le Pr Masmejean, suspendu de ses fonctions et en arrêt maladie, avait posté le cliché sur un site américain dédié aux œuvres NFT, nommé Opensea et utilisé par 20 millions d'utilisateurs, a rappelé la présidente du tribunal.
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