Audit en cours, nouveau délégué général

La FHP (cliniques) tente de sortir de la crise

Publié le 17/01/2012
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Crédit photo : S TOUBON

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Crédit photo : S Toubon

EN 2011, plusieurs groupes nationaux de cliniques privées menacent la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) de ne plus lui verser un sou. De quoi priver la FHP du tiers de ses cotisations. À l’automne, le malaise filtre en externe (« le Quotidien » du 20 octobre) et perdure, jusqu’à ce revirement la semaine passée : les poids lourds du secteur hospitalier privé acceptent finalement de revenir dans le giron de la fédération, représentative de 1 250 établissements.

Leur grand retour devrait être officialisé demain en conseil d’administration, en même temps que la nomination de Dominique Coudreau au poste de délégué général de la FHP. Une mission de quelques mois est confiée à cet énarque pour redresser la barre. Les grands groupes ont imposé son nom, Générale de santé en tête, que Dominique Coudreau pratique depuis plusieurs années en tant que conseiller du président et membre du comité exécutif.

Confusion.

Le coup de semonce des groupes nationaux a contraint la FHP à se remettre en question. Jean-Loup Durousset, son président, a pris le sujet au sérieux, sans y voir péril en la demeure. « Ce questionnement est un signe de vitalité du secteur, qui est loin d’être endormi et passif », commente-t-il. Certains évoquent un risque d’implosion de la FHP. Pour Jean-Loup Durousset, au contraire, la « sortie de crise » est proche. Aux groupes mécontents, la FHP a donné plusieurs gages. Cotisations en baisse de 10 % (le budget 2012 de la FHP est de 5 millions d’euros, à comparer aux 7 millions de la Fédération hospitalière de France, qui représente les hôpitaux publics), coordination de la communication, réorganisation interne : c’est à ces conditions que les groupes tels que Générale de santé et Vitalia ont fait leur come-back.

La montée en puissance des syndicats de spécialité génère de la confusion. La FHP-MCO (1,8 million d’euros de budget annuel), qui représente 700 cliniques spécialisées en médecine, chirurgie, obstétrique, fait de l’ombre à la FHP. À présent que les grands groupes ont enterré la hache de guerre, le président de la FHP-MCO, Lamine Gharbi, assure que le malaise est dépassé : « Je suis ravi que la situation se soit éclaircie, et que la FHP soit de nouveau unie pour affronter la FHF ». Une redistribution des rôles s’impose néanmoins. La FHP a commandé un audit à Ernst & Young pour délimiter les rôles de chacun et restaurer son influence au plan national. Pour ce pilier du secteur, il était temps : « Un syndicat doit être fort, structuré. Il faut revoir les statuts de la FHP. La crise qu’elle traverse est préjudiciable dans ses rapports avec la DGOS [Direction générale de l’offre de soins, au ministère de la Santé], même s’il n’y a plus de marges de manœuvre faute d’argent ». Pour ce syndicaliste médical, la situation nuit également au dialogue entre directeurs de clinique et médecins libéraux : « La FHP-MCO est un État dans l’État, si bien que personne ne sait trop qui commande. Quand nous discutons de la place des CME [conférences médicales d’établissement] dans la gouvernance des établissements privés, la FHP et la FHP-MCO ne tiennent pas toujours le même discours. Lamine Gharbi n’est pas, dans sa région, dans une logique de cogestion, il aimerait des médecins plus dociles. Jean-Loup Durousset paraît plus ouvert mais nous n’avons pas oublié son livre* ».

Pacificateur.

Le contexte préélectoral agit comme un puissant aiguillon pour la FHP, de même que l’activisme de sa rivale, la FHF, dont la plateforme politique a fait le buzz ces jours-ci (« le Quotidien » du 13 janvier). Jean-Loup Durousset se pose en pacificateur. « La FHF campe sur une posture archaïque. Il faut cesser de s’opposer les uns aux autres, et mettre le monde hospitalier autour d’une table », déclare-t-il.

Des candidats se sont présentés au poste de délégué général, que la FHP n’a pas retenus. Dominique Coudreau est-il l’homme de la situation ? À 70 ans, l’ancien directeur de la CNAM et de l’ARH d’Ile-de-France connaît le secteur comme sa poche. Il lui faudra identifier les chantiers prioritaires (les dépassements d’honoraires et les contrats d’exercice figureront sans doute en haut de la pile), se faire accepter des cliniques indépendantes qui ne voient pas forcément d’un bon œil sa nomination, même temporaire, et se faire une place entre le duo Durousset-Gharbi. Diplomate, habile manœuvrier, distillant les boutades pour mettre à l’aise, l’homme a de la ressource. Pour lui succéder dans quelques mois, la FHP se verrait bien débaucher un ancien ministre de la Santé. « Ils ne le trouveront pas!, s’exclame Élisabeth Hubert. Il ne faut pas confondre le poste de délégué général et le poste de président, à qui revient le rôle de lobbying politique ». Ce que confirme ce fin connaisseur du secteur : « Il faut que Jean-Loup Durousset reprenne la barre en main. La profession est attachée au fait d’avoir une représentation unique au plan national et régional. Il y a un problème d’hommes, mais ce n’est pas inextricable ». Le mot de la fin à ce patron d’un groupe national de cliniques privées : « Nous avons perdu beaucoup de temps, mais enfin notre message semble compris, et la situation semble vouloir se débloquer. À présent, il faut tailler dans le vif ».

*Dans son livre « Le privé peut-il guérir l’hôpital ? » publié en 2010 chez « Nouveaux débats publics », le président de la FHP critiquait la « suprématie » du corps médical. Il préconisait l’encadrement des dépassements ainsi que la fin du tout paiement à l’acte. Voir « le Quotidien » du 18 novembre 2010.

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9067