Accord à l’AP-HP sur le temps de travail des personnels

La réforme des 35 heures aura un impact sur les PH 

Publié le 02/11/2015
Article réservé aux abonnés
Le 17 novembre, l'intersyndicale appelle à une nouvelle journée de grève

Le 17 novembre, l'intersyndicale appelle à une nouvelle journée de grève
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

À partir du 1er janvier 2016, les 39 établissements de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) vont appliquer le protocole d’accord sur la réorganisation du temps de travail des 75 000 personnels non médicaux, réforme d’envergure conclue mardi dernier par le directeur général Martin Hirsch avec la CFDT, dans un climat social incertain.

Sur le pied de guerre depuis six mois, l’intersyndicale CGT, Sud Santé, FO, CFTC, CFE-CGC et UNSA a immédiatement appelé à une nouvelle journée de grève le 17 novembre.

Sans revenir sur le principe des 35 heures à l’hôpital, l’accord vise à harmoniser les temps de travail des agents (création de la journée de 7 h 30, maintien des 7 h 36 et suppression des 7 h 50) en préservant les conditions de travail et en améliorant la prise en charge des patients. La direction espère économiser 20 millions d’euros par an avec la réduction du nombre de RTT (3 à 7 par an) et la disparition de certains jours de congés.

La recherche d’une meilleure « concordance des temps médicaux et paramédicaux », – l’un des six objectifs de l’accord – sera la principale répercussion de la réforme sur l’organisation du temps de travail des 23 000 praticiens hospitaliers de l’AP-HP. Martin Hirsch n’a jamais caché son envie d’en finir avec la désynchronisation entre l’emploi du temps des PH, dispensés de pointeuse, et celui des soignants. En résulte de « nombreux dysfonctionnements en matière d’efficience », dont le temps d’attente des patients, le report d’activités et l’utilisation restreinte des blocs et salles d’imagerie, indiquait déjà au printemps le DG du plus grand hôpital de France dans un document remis aux syndicats de personnels.

Désynchronisation

Le « Quotidien » s’est procuré une enquête interne de l’AP-HP qui tend à établir un lien entre le dysfonctionnement des blocs et la désynchronisation des temps de travail. Le 15 septembre, 119 blocs sur 225 audités ont pris du retard dès la première intervention. En cause : l’heure d’arrivée tardive des chirurgiens et des anesthésistes à 93 reprises (puis des autres professionnels), bien avant la technicité de l’anesthésie, le patient, le matériel, l’administration et le brancardage.

Ce même jour, les infirmiers IADE et IBODE sont arrivés à 7 h 30, les anesthésistes à 8 heures et les PH à 8 h 27. Les chirurgiens cardiaques ont même fait leur entrée 1 h 35 après l’IADE. Leur première incision a eu lieu 1 h 50 après l’ouverture des blocs (données médianes).

Reste à savoir comment accorder tout ce monde. Côté soignants, la généralisation de la grande équipe prévue au 1er septembre 2016 par la réforme (passage de trois équipes fixes par jour à deux en alternance) est le moyen privilégié par l’AP-HP pour améliorer l’articulation des plannings avec ceux des PH. Mesure que rejette tout net l’intersyndicale de personnels.

Du côté des médecins, un effort sera également réclamé sur l’alignement des agendas mais aussi sur la coordination des congès et le retard à l’allumage des blocs, confirme l’AP-HP au « Quotidien ». Les PH joueront-ils le jeu ? « On ne pointe pas à 7 h 30 mais on n’est pas au bistro, on est en staff ! rappelle le Dr Alain Faye, chirurgien et membre de la CME. La synchronisation des plannings est une bonne chose pour optimiser le temps de travail si tout le monde s’y met. »

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du Médecin: 9446