Il y a quelques jours, le ministre de la Santé italien a levé le voile sur une probable affaire de pots-de-vin qui touche le secteur hospitalier. Selon un premier compte rendu publié par la presse italienne, le prix des instruments médicaux achetés par les structures publiques varie de 30 % selon les régions – un pacemaker coûte 1 250 euros en Toscane, 1 559 euros dans le Piémont et 2 324 euros en Emilie-Romagne. Pour les responsables du ministère, le secteur de la santé jette ainsi « par la fenêtre 2 milliards d’euros par an », soit 0,15 % du PIB italien. Les variations de prix touchent l’ensemble des régions et les administrations locales de droite comme de gauche. La Commission parlementaire de la Santé qui a déjà ouvert une enquête, veut y voir clair.
Sur le sujet, l’omerta est la règle depuis des années. En Sicile par exemple, les hôpitaux n’ont jamais communiqué le montant de leurs dépenses annuelles au centre de sécurité sociale régional, nonobstant les multiples réclamations du ministère de la Santé qui demande des comptes ponctuels. Au sein de la commission parlementaire, deux hypothèses ont déjà été retenues. D’abord, celle de la corruption, notamment en raison du climat qui règne actuellement en Italie après la découverte d’un vaste scandale de pots-de-vin qui touche plusieurs personnalités gouvernementales. Durant les dix dernières années par ailleurs, plusieurs scandales ont éclaté dans le secteur de la santé, notamment dans le nord où les prix des valves cardiaques étaient systématiquement gonflés. Cette explication suscite toutefois les critiques d’une partie des membres de la commission parlementaire qui parlent au contraire, de « gestion inadéquate et gaspilleuse ». En clair, les administrations des hôpitaux ne seraient pas suffisamment attentives et signeraient des chèques sans se rendre compte que les prix ne sont pas alignés au niveau national.
Dans l’immédiat, le ministère de la Santé propose d’interdire aux hôpitaux de faire leurs courses et de rationaliser les dépenses en centralisant les achats au niveau régional. Reste à voir comment réagiront les hôpitaux et surtout les régions qui vont devoir prendre des engagements pour éviter d’être accusées de gaspillage.
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