Contrainte budgétaire, conflits sociaux

Les directeurs d’hôpital en manque de soutien

Publié le 21/10/2013
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À MONTAUBAN, le directeur d’hôpital et trois cadres ont porté plainte après avoir signé un accord dont ils ne voulaient pas. « Je n’accepte pas la méthode employée par les syndicats pour nous l’arracher », a réagi le directeur, Joachim Bixquert, dans « La Dépêche ». Occupation de locaux, pression physique... Le SMPS (Syndicat des managers publics de santé), qui vient de réunir son congrès, parle de « séquestration ».

Au cœur du litige, la réorganisation du temps de travail et la suppression de jours de RTT. Les syndicats ont limité la casse en usant de la méthode forte. Le cas est certes très particulier, mais le fait que l’Agence régionale de santé (ARS) de Midi-Pyrénées n’ait pas réagi publiquement alerte le SMPS. « Nous assumons nos responsabilités, déclare son président, Christophe Gautier, mais nous ne pouvons accepter que l’État ne nous soutienne pas ». La « petite musique » parfois entendue lors des travaux Couty (sur le pacte hospitalier) a déplu. « Certains ont laissé entendre que les risques psychosociaux et le dialogue social difficile pouvaient être de notre faute », résume le directeur de l’hôpital de Pau.

Les relations avec les médecins s’améliorent.

Le syndicat des managers publics de santé a organisé un sondage interne (322 réponses). Cadres et directeurs notent à une écrasante majorité la dégradation de leurs relations avec les pouvoirs publics depuis la création des ARS. De même avec les organisations syndicales. A contrario, les liens avec le corps médical sont jugés en nette amélioration, signe d’une gouvernance apaisée, salue Christophe Gautier.

La ministre de la Santé n’est pas venue au colloque du SMPS. Son émissaire, le directeur général de l’offre de soins (DGOS), a confirmé qu’une dégressivité des tarifs hospitaliers est prévue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale : un établissement qui dépasserait son seuil d’activité pourrait voir ses tarifs rabotés. Avec ce nouveau mécanisme, censé limiter les effets inflationnistes de la T2A, il y a le risque d’un impact social fort (restructurations, baisse d’effectifs), redoutent les cadres hospitaliers. « Il faudra alors qu’on soit soutenu », anticipe le président du SMPS.

L’interventionnisme des ARS fait toujours débat : il est arrivé que certaines agences traitent en direct avec les syndicats. Aux yeux du SMPS, la confiance entre l’hôpital et le gouvernement n’est donc pas rétablie. Les actions tardent, notamment pour mieux répartir les médecins sur le territoire. « Les politiques incitatives ne marchent pas, déplore Christophe Gautier. On ne peut rester l’arme au pied ». La restauration de l’attractivité des carrières hospitalières publiques est une autre attente forte. « Le privé est plus attractif car il offre de meilleures conditions économiques avec moins de contraintes. Il faut rétablir les choses ».

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9273