Morceaux choisis

Publié le 26/03/2015
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Extraits de « La nuit des défaites » :

Lassitude :

« Je prétends que la grande lassitude du métier, qui est comme un écho à la violence des maladies dont on s’occupe, nous fait violence et nous mène à un état de tension interne parfois proche de la rupture. »

Effet de bord :

« Les patients ignorent, ou ne veulent pas savoir, que le culte de la santé à toux prix a transformé le docteur en gardien épuisé du corps des autres, en vigile sans trêve ni repos du "bien-être physique, social et mental" de leurs contemporains. »

« La marchandisation de la santé et de la maladie est définitive… on invente des pseudo-maladies pour pouvoir vendre la thérapeutique… la valeur d’un seul stent coronaire… pourrait nourrir dix enfants d’Éthiopie ou du Sahel. »

Solitude :

« Les patients ignorent la solitude du médecin, l’impossible repos, la tête farcie par des histoires de la veille et de l’anticipation des inévitables difficultés du lendemain, les coups de téléphone incessants des patients angoissés, l’alignement des Post-it laissés par les secrétaires… messages auxquels il faut répondre sous peine de non-assistance à personne en danger. »

« Le médecin est le dernier rempart contre l’imminent danger. »

Servitude :

« Les patients disent : de quoi ils se plaignent, ces docteurs, bardés de diplômes, d’argent, de science… Ils ont assez de privilèges, l’argent, le pouvoir parfois la gloire, ils peuvent bien avoir quelques servitudes. »


Source : Le Quotidien du Médecin: 9398