Les attentats de « Charlie Hebdo » et du Bataclan n'ont pas suffi à préparer mentalement les secouristes à ce qui les attendait sur la promenade des Anglais : « L'effet de surprise est encore plus important que l'année dernière », témoigne auprès du « Quotidien » Jérémy Crunchant, cadre opérationnel départemental de la protection civile, alors qu'il sort de 24 heures de travail éprouvant.
Depuis deux ans plusieurs exercices avaient été menés à l'échelle du département : une simulation de prise d'otage et une autre d'explosion au stade de Nice, « nous sommes même le premier département où la protection civile a reçu une formation et des équipements NRBCE (nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique, explosion), mais nous n'étions pas préparés à ça, poursuit Jérémy Crunchant, la situation était très choquante pour nos secouristes dont certains étaient aussi des impliqués. Un accompagnement socio-psycologique va mettre en place pour nos personnels. »
La protection civile a été sollicitée vers 23 h10. « Nous savions déjà qu'il s'agissait d'une attaque terroriste se souvient Jérémy Crunchant, nous avons eu affaire à des sollicitations bien plus variées qu'au Bataclan car il y avait de nombreux touristes dont beaucoup ne parlaient pas français. »
Le damage control aussi pour les accidentés
Parmi les urgences absolues, les traumatismes crâniens, les hémothorax et les hémopéritoines ont été traités en priorité, puis les lésions aux membres liés aux écrasements. Le damage control, consistant en une prise en charge du choc hémorragique centrée sur une chirurgie de sauvetage minimaliste relayée le plus rapidement possible par le bloc chirurgical « n'est pas exclusif aux blessures par armes de guerre, explique le Dr Patrick Pelloux, médecin urgentiste à l'hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP), les polytraumatisés d'accidents de la voie publique bénéficient aussi de ce type de prise en charge ».
Lors de des attaques du 13 novembre, les lieux de l’intervention avaient été divisés entre une zone d’exclusion totale, une zone intermédiaire et une troisième zone, où l’ensemble des secours sont installés. Il fallait en outre gérer le risque de sur attentat. Ce n'était pas le cas à Nice où, selon Jérémy Crunchant, « la période intermédiaire pendant laquelle les forces de polices devaient être seules sur la zone n'a duré que 30 minutes, c’est-à-dire le temps qu'il nous a fallu pour regrouper nos secouristes à notre siège départemental de Cagnes-sur-Mer ».
D'un point de vue organisationnel, tous les acteurs de la réponse d'urgence ont été coordonnés par un centre opérationnel de défense départemental, où deux cadres de la protection civile se sont rendus. La régulation était quant à elle assurée par le Samu 06. « L'idée reste de stabiliser le plus vite et possible puis d'envoyer au bloc et en réanimation » complète le Dr Pelloux. Concernant les enfants qui forment un partie non négligeables des victimes (10 des 84 victimes sont des enfants et des adolescents), « la principale difficulté se situe au niveau du remplissage et des doses médicamenteuses pour les antalgiques », poursuit le Dr Pelloux.
Une cellule psychologique toujours active au CHU de Nice
Comme les autres associatifs, la protection civile a principalement été chargée de participer à la Noria avec leurs 6 véhicules et leurs 30 intervenants secouristes principalement vers l'hôpital Pasteur ainsi que de la mise en place de 3 cellules de soutien psychologiques, qui ont depuis été rassemblés au CHU de Nice-Pasteur. « Nous avons aussi été mis à contribution pour procéder à l'accompagnement sociopsychologique des personnes qui devaient subit un interrogatoire judiciaire », poursuit Jérémy Crunchant.
Après quelques heures exténuantes, environ 150 urgences relatives ont été prises en charge cette nuit-là, les renforts de la protection civile du Var et de l'Hérault sont venus prendre le relais car la tâche de la protection civile est loin d'être finie : « Nos secouristes et nos psys sont très présents sur les chapelles ardentes et sur tous les points sensibles, précise Jérémy Crunchant, sur demande de la préfecture, nous participons aussi au numéro d’écoute mis en place pour les familles. »
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