C'est un renfort de poids pour Nicolas Revel, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). L'intersyndicat des médecins, chirurgiens et spécialistes des hôpitaux de Paris, qui représente l’ensemble du corps médical titulaire du CHU francilien, toutes spécialités confondues, affiche ce jeudi son soutien clair au plan d'actions présenté en décembre dernier, tout en réclamant sa concrétisation.
La commission hospitalière de l'intersyndicat a examiné le 1er mars la feuille du route du directeur qui comprend trente leviers dont l'embauche de 2 700 infirmières grâce à des mesures incitatives mais aussi la réhabilitation des services hospitaliers comme « cellules vivantes de l'hôpital ». Et ce jeudi, cette commission hospitalière de l’Intersyndicat « tient à réaffirmer son soutien à ce plan d’action, qui a l’ambition de redonner à notre institution son attractivité auprès de l’ensemble des catégories de personnel ».
Ce plan stratégique avait déjà été plutôt bien accueilli par la puissante commission médicale d'établissement (CME) du CHU francilien. Mais selon nos informations, il a fait grincer quelques dents dont celles des responsables des départements médico-universitaires (DMU), échelons intermédiaires entre les services et les groupes hospitalo-universitaires (GHU) créés par le précédent DG, Martin Hirsch. En décembre 2021, 1 376 médecins de l'AP-HP en avaient déjà appelé au président de la République dans une lettre ouverte pour que soient « restaurés les services ».
Pr Bernard Granger : « La partie n'est pas gagnée »
Aujourd'hui, l'Intersyndicat des médecins, chirurgiens et spécialistes salue donc l'ambition du DG de « laisser plus d’autonomie aux services de soins, de rendre l’organisation de notre institution plus simple et plus lisible, selon un principe de subsidiarité ». L'intersyndicat applaudit aussi les efforts annoncés pour mieux loger les personnels hospitaliers. L'AP-HP vient à cet égard d'acquérir les droits de réservation de 1 155 logements pour ses soignants. Les médecins estiment aussi que les efforts pour recruter des personnels « en nombre suffisant » vont dans le bon sens.
Mais il semble tout de même que, quatre mois après l'annonce du plan, l'intendance ait du mal à suivre. « La commission hospitalière espère que les changements promis vont se concrétiser rapidement pour que l’AP-HP trouve un nouvel élan », écrit l'intersyndicat en forme de mise en garde. « La partie n'est pas gagnée, on sent bien qu'il y a des blocages, des réticences et un risque que tout cela ne soit pas implémenté rapidement, confie ce jeudi au « Quotidien » le Pr Bernard Granger, président de l'intersyndicat. Ce n'est pas si simple que cela de réformer de façon profonde un fonctionnement qui est parfois un peu englué dans de mauvaises habitudes. »
De plus, les syndicats des personnels hospitaliers n'ont, à ce jour, pas soutenu de manière officielle le projet de Nicolas Revel. « Si rien ne change, les soignants continueront de partir, que ce soient les personnels médicaux ou les autres, s'inquiète le Pr Granger. C'est pourquoi nous voulons faire sentir au directeur général qu'il y a beaucoup de gens derrière lui. »
Ce que l’on sait du vol de données de santé de plus de 750 000 patients d’un établissement francilien
L’Igas veut inciter tous les hôpitaux à déployer des actions de prévention primaire
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens