Médecin urgentiste au CH d’Agen-Nérac et vice-président du Samu-Urgences de France (Sudf), le Dr Jean-François Cibien a été réélu à l'unanimité, le 17 mars, à la tête de l’intersyndicale Action praticiens hôpital (APH). Suite à une modification de ses statuts, le bureau a été étoffé, avec notamment l’élection d’un nouveau délégué général, le Dr Yves Rébufat, anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes (Snphare).
Le bureau de l’intersyndicale est également composé de deux vice-présidentes : la Dr Carole Poupon, biologiste au CH de Gonesse (SNBH) et la Dr Marie-José Cortès, psychiatre au CH de Mantes-la-Jolie (SPH). À noter également l’arrivée de nouveaux secrétaires généraux adjoints : la Dr Anne Geffroy-Wernet, anesthésiste-réanimateur au CH Perpignan (Snphare) et le Dr Soazic Peden, pédopsychiatre au CHU de Brest (SPH). Le sécrétaire général est un pharmacien : le Dr Eric Branger, qui exerce au CH de Ploërmel (SPHP).
De véritables mesures d’attractivité
Contacté par « Le Quotidien », le Dr Jean-François Cibien tient à rendre hommage aux anciens membres du bureau décédés ces dernières années : le Dr Max-André Doppia, le Dr Michel Dru et le Dr Abdelkrim Benchikh El Fegoun. Comme d’autres ex-figures de l’intersyndicale, « ils nous ont tendu le flambeau. Nous voudrions que la lumière éclaire de nouveau les PH, pour que nous retrouvions une gouvernance humaine à l’hôpital », ambitionne l’urgentiste d’Agen de 55 ans.
Au rang des priorités, le président d’APH milite pour de véritables mesures d’attractivité pour les PH, alors qu’une réunion se tenait justement ce mardi au ministère de la Santé pour revoir en profondeur les conditions d’attractivité des carrières médicales hospitalières et hospitalo-universitaires (HU). Les participants espéraient que leurs interlocuteurs confirment la redistribution aux praticiens hospitaliers des économies attendues à hauteur de 1,5 milliard d'euros sur le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires à partir du 3 avril. En vain. Le ministère « joue la montre » a regretté le Dr Cibien auprès du « Quotidien ».
Le syndicat Sudf s'inquiète précisément des risques de contournement de la loi Rist sur le plafonnement. « De nombreux établissements proposent des contrats de PH contractuel de motif 2 à nos intérimaires, leur permettant de bénéficier allant jusqu’à 140 000 euros brut annuel, rémunération sans aucune commune mesure avec la grille indiciaire des praticiens hospitaliers » s'alarme l'organisation dans un communiqué publié lundi.
Si le Ségur de l'été 2020 a débouché sur des revalorisations, il a « surtout visé l’attractivité pour les jeunes, mais on a oublié les PH de milieu de carrière », rappelle le Dr Cibien. Allusion à la suppression des trois premiers échelons de la grille des PH qui concerne les praticiens nommés avant octobre 2020. Pour l’urgentiste, c’est « l’oubli majeur du Ségur qui a entraîné une rupture de confiance chez la plupart des praticiens ».
Décompte du temps de travail et PDS
Le président d’APH entend également rendre « visible » le temps de travail des praticiens. « Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Conseil d’État. Nous demandons juste aux directeurs de faire respecter la loi », exige l’urgentiste. Autre demande : « la reconnaissance a minima de cinq demi-journées pour 24 heures de garde en semaine et de six demi-journées la garde le week-end. »
Le chantier de la permanence des soins (PDS) fait également partie des priorités d’APH : revalorisation de la permanence des soins et valorisation de la pénibilité « en intégrant les astreintes ». Aujourd’hui, la PDS est « quasi exclusivement exercée par les PH, même si les collègues libéraux nous aident en régulation médicale et sur la première partie de la soirée. Mais, la nuit profonde reste une exclusivité hospitalière », regrette le Dr Cibien.
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