LE QUOTIDIEN : Quel est votre ressenti sur la grève des cliniques programmée à compter du 3 juin pour protester contre les arbitrages de la campagne tarifaire ?
Dr LUDOVIC BINCAZ : Dans notre région, le mouvement est très bien suivi. 90 % des médecins des établissements médico-chirurgicaux se sont déclarés grévistes à compter du 3 juin pour une période minimale de 3 jours renouvelable. C’est d’autant plus significatif que c’est une participation à un mouvement de grève assez dur dans le sens où la décision de ne prendre aucune urgence risque d’engendrer des conséquences.
Tout le monde a la même perception de la situation. Dans la période actuelle, ne pas augmenter notablement les médecins libéraux des cliniques privées n’est pas normal. Dans les négociations conventionnelles, il ne se passe pas grand-chose. On ne perçoit pas de volonté d’augmenter clairement les honoraires des spécialistes, notamment ceux des plateaux techniques. Il est donc légitime qu’il y ait un mécontentement.
L’acte chirurgical est souvent payé au tarif des années quatre-vingt. Cela rend les choses compliquées sur le plan économique. Il serait temps que tutelles et autorités se rendent compte que les établissements privés participent activement au service public, et qu’à ce compte, ils méritent une augmentation de la tarification des actes techniques au même niveau que dans le public.
Dans quelle mesure les revendications des cliniques et de la FHP se recoupent avec celles des médecins libéraux ?
Les médecins s’associent au fait que les établissements privés ont besoin d’une augmentation de leurs tarifs. Sachant que plus de 30 % des cliniques sont dans le rouge… Toutefois, un certain nombre de praticiens ont du mal à se positionner. Ils ont du mal à savoir s’ils font grève pour la cause médicale ou la cause des établissements. On ne rame pas forcément pour la même chose mais nous sommes obligés de ramer en même temps!
Est-ce que les spécialités de bloc s’associent au mouvement ?
Tous les syndicats appellent à la grève mais ce que je vous ai dit concerne majoritairement les blocs opératoires. Pour les actes chirurgicaux, je le répète, cela fait une trentaine d’années qu’il n’y a pas eu de réelles revalorisations. Ça compte.
Pensez-vous qu’il y aura des réquisitions ?
Il faudrait demander au préfet. J’imagine que oui. Tout dépend du niveau de conviction des gens qui dirigent les autorités de santé. En pratique, bien souvent, on ne nous réquisitionne pas le premier jour mais le deuxième. C’est uniquement quand les tutelles voient ce qu’il s’est passé les premières 24 heures qu’elles se précipitent pour nous appeler.
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