À quelques jours de l'épilogue du Ségur de la santé, le Dr Rachel Bocher, présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), réclame un « geste fort » du gouvernement. Un rendez-vous est prévu lundi 29 juin entre les organisations syndicales de PH et Olivier Véran, la veille de la dernière réunion de négociations.
Vous allez, avec les autres organisations de PH, rencontrer Olivier Véran lundi. Qu’attendez-vous de lui ?
Nous attendons que les négociations commencent. Le ministre doit arriver armé d’une enveloppe budgétaire qui lui permet de concrétiser les propositions qu’on a mises sur la table. Depuis quatre semaines, nous ne disposons d’aucun chiffrage, d’aucun calendrier, d'aucun échéancier. Pour l’instant, on nous a proposé des mesures déjà prévues dans des protocoles précédents, rien de plus. Nous exigeons du neuf. Je rappelle que ce n’est pas nous qui avons demandé un Ségur de la santé.
De quoi a besoin l’hôpital public en urgence ?
L’hôpital souffre d’un malaise très ancien. Il y a un vrai problème de financement de ses missions et les personnels soignants souffrent d’une cruelle absence de reconnaissance. Le président de la République lui-même a promis de revaloriser les professionnels. Cette promesse doit s’accompagner d’un budget significatif. La crédibilité du Ségur se jouera sur le montant des enveloppes proposées. On attend un chèque similaire à celui promis aux paramédicaux, c’est-à-dire six milliards d’euros.
Comment devra se décliner cette enveloppe ?
Il devra y avoir des mesures immédiates de reconnaissance des hospitaliers. On attend un geste fort dès l’été. Je souhaite que dès le 1er juillet, l’indemnité d'engagement de service public exclusif soit revalorisée à 1 000 euros net mensuel, quelle que soit l'ancienneté. Il faudra aussi rapidement procéder au rattrapage de la grille salariale des internes et à l’augmentation des gardes et astreintes. Au 1er septembre, ce sera le tour des praticiens. À moyen ou long terme, on pourra envisager des mesures plus structurelles comme la mise en place des entretiens de carrière, la reconversion des praticiens ou les engagements de responsables de pôle.
Vous êtes critique à l’égard de la méthodologie adoptée par le Ségur. Pourquoi ?
Le Ségur, moi, je souhaitais y croire. Mais pendant plusieurs semaines, nous n’avions aucune idée des intentions du gouvernement, on ne faisait que parler. L’organisation recueillait les propositions de tous les participants, puis dressait une liste avant de la soumettre au débat. Je ne vois pas comment cela peut aboutir pour la mi-juillet. Dans toutes les négociations auxquelles j’ai pu participer, à chaque fois, on savait vers où on se dirigeait et avec quelle enveloppe. Le silence dans lequel on est plongé aujourd'hui est très étonnant.
Chose rare, vous avez déposé en front unitaire avec les autres syndicats un préavis de grève pour le 30 juin. Faut-il que la situation soit si désespérée ?
Nécessité fait loi. On craint une pénible nouvelle opération d’enfumage. Ou on a un geste fort lundi, ou on pourra dire qu’on a été trop naïfs. Ça va être l’opération vérité. La mobilisation et la grève sont nécessaires, à regret certes, mais nos mandants poussent et s’impatientent ! On arrive avec des espoirs, mais plus on avance, plus ils sont hypothétiques. On a l’impression que les applaudissements de 20 heures n’auront servi à rien. Il faut maintenir la pression pour que ça ne soit pas qu’une nouvelle opération de communication.
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