Fallait-il déprogrammer l'activité aussi massivement pendant la crise ? La directrice de l'offre de soins apporte un bémol

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Publié le 04/09/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Après les fédérations hospitalières, les Ordres professionnels ou encore le secteur des EHPAD, la directrice générale de l'offre de soins (DGOS, ministère de la Santé) Katia Julienne a été entendu par les sénateurs de la commission d'enquête « pour l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies, à la lumière de la crise sanitaire de la covid-19 et de sa gestion »

Pendant une heure et demie la DGOS, en poste depuis un an, s'est employée à défendre son action pendant la crise. « Les deux lignes directrices qui ont été les nôtres étaient de lever les freins existants et de faciliter l'adaptation du système pour aider les acteurs sur le terrain », a cadré Katia Julienne, citant les déprogrammations d'activité réalisées en quelques jours dans les établissements mais aussi les autorisations exceptionnelles d'extension d'activité (notamment en réanimation).

Des leçons peuvent être tirées. Sur la déprogrammation massive et générale de l'activité non-urgente, la directrice de l'offre de soins, pressée par les sénateurs, a fait son mea culpa. « Nous avons pris des décisions fortes pour dégager des capacités (...) au cas où l'épidémie aurait atteint le même niveau dans toutes les régions. Or la déprogrammation est intéressante mais elle doit être maniée avec précaution, car elle a des conséquences. C'est un enseignement important de la crise et quelque chose que l'on ne savait pas au début », a concédé Katia Julienne. Une deuxième vague aboutirait sans doute à des déprogrammations plus proportionnées et localisées. 

Autre leçon : le manque de lien fluide entre le sanitaire et le médico-social, mis en lumière lorsque les agences régionales de santé (ARS) ont été pressées de monter en quelques jours des circuits pour faciliter la prise en charge des résidents en EHPAD. « Nous avions une faiblesse, que nous devons désormais consolider : il ne doit plus y avoir un EHPAD sans appui sanitaire », estime la patronne de la DGOS.

Travail sur les capacités en réa

La crise sanitaire a fait bouger les lignes de l'offre de soins spécialisés. Des échanges en cours avec les deux conseils nationaux professionnels (CNP) de réanimateurs (anesthésie-réanimation médecine périopératoire et médecine intensive réanimation) pourraient conduire à la transformation des services de réa, notamment sur la question des capacités. « Quel est le bon niveau de capacité en réanimation dont on doit disposer au national et au régional ? Doit-on renforcer des régions qui n'ont pas eu les capacités suffisantes pendant la crise, comme la Bourgogne-Franche-Comté qui a dû organiser des transferts avec Auvergne Rhône-Alpes ? Ces discussions sont en cours », indique Katia Julienne. Durant la crise, de nombreux lits de soins continus ou intensifs avaient été transformés en lits de réa pour étendre les capacités.

Autre évolution qui serait utile, selon la directrice : le fait de confier directement aux ARS – et non à l'administration centrale – la délivrance des autorisations exceptionnelles (pendant un état d'urgence sanitaire) pour avoir « plus de souplesse d'adaptation » selon les situations régionales. Il conviendrait aussi de simplifier le droit commun pour le renouvellement des autorisations d'activité.


Source : lequotidiendumedecin.fr