L’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) a tenu mercredi 15 mai son colloque annuel à l’Assemblée nationale. Invité à l’ouverture de l’événement, Frédéric Valletoux a ménagé la chèvre et le chou entre ses convictions et les attentes des médecins hospitaliers. Le ministre délégué à la Santé a rappelé l’enjeu majeur de « rendre les métiers du soin attractifs auprès des jeunes générations, montrer que l’on peut faire une belle carrière dans les métiers du soin à tous les étages ». Pour lui, le défi est d’arriver à concilier les nouvelles aspirations des jeunes générations, leurs rythmes, leurs valeurs avec la réalité du monde médical. La solution ? Réinventer le métier, « apporter plus de flexibilité dans les pratiques et les carrières afin de sortir de certains carcans ».
Autre enjeu de « son modeste mandat » : la territorialisation des politiques de santé. « Il y a une énergie locale qui, pour moi, est sans doute le levier qui doit permettre de faire évoluer notre système de santé ». Le ministre souhaite voir les initiatives territoriales émerger et prendre de l’essor afin de faciliter le décloisonnement. Il entend entrer dans une ère où « la confiance et la souplesse s’expriment d’abord ».
Un effort sur les dépenses
Le nouveau locataire de Ségur a aussi tenu à rappeler que l’État n’a pas ménagé sa peine pour augmenter les dépenses de santé (l’enveloppe Ondam) ces cinq dernières années. Entre 2019 et 2023, l’Ondam a augmenté de 45 milliards d’euros, a effectivement détaillé Thomas Fatôme le 6 mai lors d’une audition devant les députés : 21 milliards d’euros relèvent de l’évolution tendancielle en volume mais 24 milliards d’euros sont le fait de décisions politiques (Ségur de la Santé, revalorisations salariales diverses, honoraires des médecins, mesures Covid). Des efforts qui sont un peu trop souvent oubliés au goût de Frédéric Valletoux. Non sans lyrisme, le ministre a avoué « rêver de pouvoir faire pour le monde de la santé ce que l’on fit à l’époque de François Mitterrand avec la décentralisation ». Dit autrement : passer à un contrôle a posteriori, faire confiance aux acteurs de la santé (avant de critiquer), et être capable d’accompagner les établissements de santé.
Il va falloir expliquer que la campagne tarifaire ressort de choix politiques
Frédéric Valletoux
Pour finir, Frédéric Valletoux a affirmé sa position sur la dernière campagne tarifaire et l’écart de tarifs entre le privé et le public, un point sur lequel il ne démordra pas. « Il va falloir expliquer que la campagne tarifaire ressort de choix politiques. Moi, je n’ai aucun mal à aller sur les plateaux de télévision pour l’expliquer s'il le faut. Je l'ai fait hier à l'Assemblée, je le ferai peut-être au Sénat plus tard. »
De son côté, la Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH a souligné que malgré les efforts consentis lors du précédent quinquennat, « certaines déceptions et attentes » subsistent au sujet « des astreintes, des carrières longues des praticiens et de la retraite des hospitalo-universitaires ». La psychiatre a rappelé les trois principaux défis du monde de la santé : « Organiser une cohérence d'équipe autour de professionnels tous experts en la matière, mais rarement interchangeables ; la liberté d'expression du temps de travail ; et la satisfaction des patients qui souhaitent rester le moins longtemps possible à l’hôpital. »
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