L’hôpital public est en crise, ce constat est partagé par tous les acteurs de terrain et désormais les plus hautes autorités de l’État. Cette crise est encore plus aiguë à l’Assistance-Publique Hôpitaux de Paris, le plus grand Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Français et Européen, comme en témoigne le nombre élevé de grévistes dans cet établissement.
Le plan « Ma santé 2022, investir pour l’hôpital » est une première réponse apportée par la ministre de la Santé, mais les délais de mise en œuvre et les moyens alloués sont insuffisants face à cette situation d’urgence, comme l’a souligné au niveau national le Collectif Inter Hôpitaux.
Revoir la loi HPST
Il nous semble de plus, qu’au-delà des moyens, indispensables, c’est la gouvernance des hôpitaux publics qu’il faut changer afin de redonner leur sens à nos actions de soins et de service public.
La réorganisation récente de l’AP-HP, dont la mise en place laborieuse depuis un an n’est pas encore achevée, nous a éloignés de nos missions et a aggravé les difficultés déjà présentes. Elle se traduit, au sein d’une institution qui nous est chère, par la mise en place de plusieurs échelons administratifs supplémentaires dans la prise de décision, source d’inefficacité et de démobilisation de l’ensemble des soignants.
Il est temps de revenir à des principes de bon sens : il faut de façon concrète revoir la loi Hôpitaux Patients Santé Territoire (HPST) de 2009 pour donner aux médecins toute leur place dans le pilotage des hôpitaux. Les décisions doivent être prises de façon concertée par une équipe composée de médecins et de directeurs, au plus proche du terrain, au niveau de chaque site hospitalier et en y associant les équipes soignantes des différents services qui représentent les réelles unités opérationnelles de prise en charge des patients.
L’organisation centrale de l’AP-HP devrait être allégée afin d’assurer une bonne coordination entre les établissements, au service d’une stratégie médico-universitaire ambitieuse, et non pas d’une logique essentiellement comptable.
Ce n’est qu’à ce prix que l’hôpital public en général, et l’AP-HP en particulier, retrouveront leur attractivité. Ce n’est qu’à ce prix que les équipes soignantes médicales et paramédicales retrouveront le sens de leurs actions, au service des soins à la population, mais également au service de la formation et de l’enseignement des professionnels de demain et de la recherche médicale.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique